Le patron de la Bundesbank met en garde l'Allemagne sur un sort à l'espagnole

Trois jours après les élections fédérales et alors que les discussions autour d\'une future coalition s\'annoncent difficiles, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, met les pieds dans le plat.L\'Allemagne comme l\'Irlande ou l\'Espagne ?Mercredi soir, lors d\'une cérémonie à Düsseldorf, il a prononcé un discours plutôt inquiétant pour l\'économie allemande.«  Lorsque l\'on pense aujourd\'hui à l\'Allemagne, personne ne l\'identifie plus avec l\'homme malade de l\'Europe. Mais les avances économiques se perdent rapidement. C\'est la leçon de l\'expérience de la crise de certains pays de la zone euro comme l\'Irlande ou l\'Espagne qui, jadis, ont pu aussi apparaître comme des modèles économiques. »Une phrase choc qui va à contre-courant de la doxa dominante en Allemagne et en Europe. Mais Jens Weidmann a de bons arguments à faire valoir. Selon lui, la première économie européenne doit faire face à quatre défis d\'importance.Les quatre défis de l\'AllemagneLe premier, c\'est la poursuite de la mondialisation, avec le développement de l\'innovation dans les pays émergents qui, à terme, menace l\'avance compétitive des produits allemands.Second défi : la politique énergétique. L\'abandon du nucléaire et le développement des nouvelles technologies sont un choix va coûter cher non seulement au budget, mais également à l\'ensemble de l\'économie.Vient ensuite le défi de la dette. Malgré le retour à l\'équilibre des finances publiques allemandes, le niveau de la dette allemande, plus de 80 % du PIB reste, au goût de Jens Weidmann, trop élevé, « en particulier lorsque l\'on prend en compte les suites du vieillissement de la population sur l\'économie et les finances publiques. »Ce vieillissement de la population qui est le dernier défi de l\'Allemagne. Selon le patron de la Buba, l\'effet démographique devrait réduire de 0,3 point de pourcentage la croissance annuelle du pays. Citant une étude de l\'Ocde, Jens Weidmann,rappelle qu\'en 2060, la République fédérale devrait avoir le plus faible taux de croissance potentielle des 42 pays suivis.Inquiétudes sur le programme des partis politiquesPour répondre à ces défis, Jens Weidmann réclame des actions fortes : plus de places en crèches pour favoriser l\'emploi des femmes, plus d\'emplois pour les séniors et une politique d\'immigration plus agressive.Plus généralement, il s\'inquiète aussi de plusieurs promesses répétées durant la campagne par les deux grands partis allemands qui seront sans doute amenés à gouverner ensemble dans une « grande coalition » : les avantages fiscaux aux familles proposés par la CDU, la hausse des salaires, le salaire minimum et la remise en cause partielle de la retraite à 67 ans proposée par la SPD l\'inquiètent particulièrement.Enfin, Jens Weidmann réclame plus d\'investissement dans l\'éducation et les infrastructures.Ce discours a pour vocation de rappeler aux politiques combien la compétitivité allemande est en réalité fragile. Il semble pourtant que Jens Weidmann soit aujourd\'hui plutôt isolé. La tendance outre-Rhin est en réalité à une remise en cause des réformes du début des années 2000.Les discussions autour de la formation de la future coalition le prouvent puisque les questions du salaire minimum et même des hausses d\'impôts y sont évoquées. C\'est précisément ce qui inquiète le patron de la Buba.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.