La rigueur " à la Hollande", ça marche ?

Dès son arrivée au pouvoir, François Hollande avait tout mis en œuvre pour ramener le déficit public en 2013 sous les 3% du PIB. Objectif manqué, comme on le sait depuis le début de l\'année. Mais, jusqu\'au printemps, il ne faisait aucun doute que ce n\'était que partie remise, que le déficit passerait sous cette fameuse barre des 3% en 2014. Caramba! Encore raté.En septembre 2012, Bercy annonce un déficit budgétaire - seulement pour l\'État - de 61,6 milliards d\'euros pour 2013, prévoyant même 47,6 milliards pour 2014. Un an plus tard, ce mercredi, Bercy a estimé, finalement, le trou de 2013 à 71,9 milliards. Et celui de 2014 à 70,2 milliards. Soit un dérapage de 45% (22,6 milliards) par rapport à la prévision communiquée il y a un an. Pourtant, François Hollande « avait mis le paquet »Et pourtant… François Hollande s\'est largement donné les moyens de réduire le déficit, avec un plan de rigueur pour 2013, annoncé en septembre 2012, représentant près de 40 milliards d\'euros (2 points du PIB), dont l\'essentiel à travers des hausses d\'impôts. Ce plan devait permettre de ramener le déficit public (toutes administrations) de 4,5% du PIB en 2012 à 3% en 2013.C\'est que la croissance a été plus faible que prévu. De fait, le projet de loi de finances pour 2013 tablait sur une croissance du PIB de 0,8% pour 2013. Aujourd\'hui, elle est estimée, raisonnablement, à 0,1%. Cette chute de la croissance est synonyme de pertes de recettes fiscales, qui ont évidemment contribué à alourdir le déficit. Des comptes publics proches de l\'équilibre en 2014… hors effet de la conjonctureSelon le responsable des études économiques de l\'Institut de l\'Entreprise, Jean-Marc Daniel, le déficit structurel - hors effet de la conjoncture - a bel et bien été réduit, depuis l\'arrive de François Hollande au pouvoir. Il représentait 3,2% du PIB en 2012 (66 milliards d\'euros), et a été ramené à 1,5% de la richesse nationale en 2013 (33 milliards d\'euros). En 2014, les comptes publics ne seraient pas loin de l\'équilibre, hors effet de la conjoncture, selon Jean-Marc Daniel : le déficit structurel serait réduit à 16 milliards d\'euros (0,7% du PIB).Le problème, c\'est que dans le même temps, le déficit lié à la conjoncture a littéralement explosé, passant de 31 milliards d\'euros en 2012 à 60 milliards en 2014. 50 milliards de déficit structurel en moins sur la période 2012-2014 - obtenus par des hausses d\'impôts et des économies sur les dépenses, à partir de 2014 -, mais 29 milliards de déficit en plus liés à la conjoncture… Ces deux chiffres résument les résultats de la politique budgétaire menée actuellement, dont le moins que l\'on puisse dire est qu\'elle ne porte pas tous ses fruits.Bercy ne retient pas ces chiffresCette notion de déficit conjoncturel ou structurel peut bien sûr faire débat. Le gouvernement, avec le Haut conseil des finances publiques, estime, lui, que c\'est le déficit structurel qui a surtout augmenté. Mais il inclut dans celui-ci la surestimation des recettes fiscales, qu\'il est difficile de ne pas imputer à la conjoncture. Donc c\'est bien la chute de la croissance qui est en cause. L\'impact des hausses d\'impôtsIl est tentant de voir dans cet effondrement de la conjoncture l\'effet de la hausse massive des impôts, qui déprimerait l\'économie. Mais les économistes des organismes internationaux, comme ceux du FMI, ne sont pas certains que le choix de baisser les dépenses aurait permis de changer la donne.Dans un document publié ce jeudi, ils soulignent la difficulté de réduire les déficits publics dans un contexte de croissance très faible et de taux d\'intérêt déjà bas, qu\'il n\'est plus possible de réduire. Ils avaient déjà revu la hausse les multiplicateurs budgétaires, mesurant l\'impact des mesures de restriction sur la croissance. Selon Jean-Marc Daniel, ces multiplicateurs sont plus importants en période de restriction qu\'en phase de relance: autrement dit, quand un gouvernement coupe dans les dépenses publiques ou augmente les impôts, cela a plus d\'effet sur la croissance que lorsqu\'il injecte de l\'argent dans l\'économie pour la relancer.> Lire aussi: avec la crise, le kéynésiens ont gagné la bataille de la théorie économique 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.