retour en arrière façon Zafon

livre« La poésie s'écrit avec des larmes, le roman avec du sang et l'histoire avec de l'eau de boudin », écrit le jeune auteur David B. Martin dans ses romans populaires. Ce David, c'est le jeune héros du « Jeu de l'ange », le dernier roman de Carlos Ruiz Zafon qui réunit heureusement des larmes, du sang et moins heureusement de l'eau de boudin. Il revient à Robert Laffont d'avoir remporté les folles enchères des droits pour la France de ce record de l'édition espagnole (1,6 million d'exemplaires en avril dernier). Forte des 14 millions d'ouvrages vendus dans le monde pour « l'Ombre du vent », la « Zafonmania » court toujours. C'est dire que l'ouvrage était attendu. Mais le scénariste catalan, installé aux États-Unis pour servir les studios d'Hollywood, a préféré livrer en guise de suite un rétropédalage.L'action, encore une fois située à mi-chemin de la réalité et du fantastique dans une Barcelone toujours aussi inquiétante, commence en 1917, près de trente ans avant celle de « l'Ombre du vent », à une époque où existait déjà « le cimetière des livres oubliés », cette « cathédrale de livres [?] disparus et dont nul ne se souvient plus ».seconde partie décevanteDans cette suite, Zafon nous propose deux livres. Les 200 premières pages s'attachent à un jeune auteur qui tente de suivre à la trace « les Grandes Espérances » de Charles Dickens. Mais David B. Martin, de plus en plus égocentrique, ne trouve pour couronner ses échecs que? le diable. Après avoir accepté, dans un pacte faustien, de vendre ses talents au glacial éditeur parisien Andreas Corelli, le héros de Zafon se lance dans une enquête pleine de chausse-trapes. Mais ? et c'est peut-être là que le bât blesse ? avec un nombre incalculable de portes étonnamment ouvertes à l'approche de David.Cette seconde partie qui flirte avec le thriller déroute les aficionados de Zafon. Ceux-ci retrouveront pourtant l'art de la narration audiovisuelle du scénariste racontant chaque scène, plan par plan, recalant sa caméra pour capter chacune des réparties ciselées des différents protagonistes. On est souvent un peu déçu lors de la lecture d'un deuxième tome. Avec « le Jeu de l'ange », on referme le livre en se disant : ouf ! On aurait pu l'être davantage. Christophe Tricaud « Le Jeu de l'ange », de Carlos Ruiz Zafon, Robert Laffont, 538 pages, 22 euros.
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