Actions en berne : et si la solution venait des entreprises ?

Le salon Actionaria vient de boucler ses portes. Les actionnaires individuels n’étaient pas légion cette année, loin s’en faut. Bien conscients de leur désaffection et compte tenu de budgets plus serrés que par le passé, les entreprises et intermédiaires habituellement présents à ce rendez-vous incontournable des « amoureux » de la Bourse se sont également révélés moins nombreux cette année. Signal on ne peut plus symptômatique de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde de la finance et de l’épargne. On ne compte plus les manifestes des uns et des autres pour essayer de redonner envie aux investisseurs de se positionner sur les actions, la classe d’actifs la plus touchée par le retrait des Français de l’investissement en direct. Les intermédiaires multiplient les bonnes raisons de revenir sur les valeurs les plus injustement décotées. Les responsables d’associations professionnelles ou d’organismes liés de près ou de loin à l’actionnariat individuel ou salarié ont ainsi constitué un groupe de réflexion afin de présenter des propositions concrètes et les faire connaître auprès des pouvoirs publics. Ce comité, constitué par Guy Loichemol, partner chez Havas Worldwide Paris propose notamment la création d’un nouveau PEI (plan d’épargne investissement) accessible dès l’âge de 16 ans et beaucoup plus souple que l’actuel PEA ; mais aussi un dispositif fiscal avantageux pour tous ceux qui accepteraient d’accompagner dans la durée les entreprises dans lesquelles ils ont investi. « Notre objectif est de trouver le moyen de redonner confiance dans cet investissement. Et à notre avis, il faudrait avant tout une stabilisation de la fiscalité entourant la taxation des transactions sur les actions, contrairement à ce que l’on peut voir actuellement », souligne Guy Loichemol. Et selon ce responsable, les pouvoirs publics ne sont d’ailleurs guère pressés d’écouter leurs doléances, le sujet ne semblant pas être prioritaire du côté de Bercy.Pas une priorité pour BercyIl ne fait aucun doute, que le gouvernement Ayrault, même s’il se dit préoccupé par le sort réservé aujourd’hui aux PME en mal de financement ne serait-ce que pour survivre, ne voudra certainement pas instaurer un quelconque dispositif avantageux à destination de l’investissement boursier. Le premier ministre a certes parlé de l’instauration d’un PEA PME, mais tout reste à faire et les contours de cette nouvelle enveloppe fiscale sont toujours à définir. Y-a-t-il d’autres pistes que fiscales ? Oui, et à l’initiative des entreprises si elles s’en donnent les moyens légaux en demandant l’avis de leurs actionnaires lors des prochaines assemblées générales. De fait, les sociétés cotées souhaitant attirer de nouveaux actionnaires et les fidéliser ont deux moyens très efficaces et d’ailleurs déjà mis en œuvre par le passé : instaurer la distribution d’un dividende majoré en cas de détention à long terme (la durée peut varier en fonction de ce que l’on entend par long terme, soit entre 3, 5 ou 7 ans) ; et l’instauration de droits de votes doubles pour un détention également de long terme.Le dividende majoré a été instauré au début des années 90Dans le premier cas, le dividende majoré existe depuis le début des années 90. En cette période déjà troublée (le nombre des actionnaires individuels était déjà repassé aux alentours de 4 millions…..tiens, tiens, l’histoire se répèterait-elle ?), le législateur avait permis l’instauration d’un tel processus. Dans la foulée, plusieurs entreprises avaient immédiatement profité de cette aubaine, dont Siparex, SEB, ou l’Air Liquide. Ces deux dernières ont d’ailleurs maintenu le dispositif à ce jour. Concrètement, il suffit que l’actionnaire détienne ses titres au nominatif pour qu’il puisse profiter de cet avantage. Reste à l’entreprise de décider d’un tel geste qui n’est pas complètement indolore financièrement.Plus indolore financièrement est l’instauration de droits de votes doubles en cas de détention de longue durée. Principe encore en vigueur dans un certain nombre de sociétés cotées. Mais qui ne rencontre pas vraiment les faveurs des associations d’actionnaires qui y voient un reliquat de la « Bourse à papa » en ce qu’elle institue deux vitesses parmi les actionnaires. « Une action, un droit de vote ! », scande par exemple depuis de nombreuses années, Pierre-Henri Leroy, patron de Proxinvest, société de conseils de vote en assemblées générales. Un tel processus permettrait toutefois aux actionnaires individuels, désireux d’accompagner dans la durée une entreprise, de compter vraiment et d’être dignement représenté. Un régime de faveur, certes, mais qui pourrait peut-être solidifier l’actionnariat des sociétés actuellement bien en mal de partenaires capitalistiques. Reste à organiser une campagne de sensibilisation nationale et ce, à tous les stades et pour toutes les valeurs cotées qu’elles soient de petite ou de grande taille. Finalement, elles sont toutes dans la même barque !  >> Pour aller plus loin, découvrez notre plateforme bourse personnalisable
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