l'ascension rapide d'un assureur

Demain après-midi, le secrétaire général de l'UMP accueillera le chef de l'État au conseil national du parti présidentiel, à Aubervilliers, pour le lancement de la campagne des élections régionales. Comme souvent, Nicolas Sarkozy sera devant et Xavier Bertrand juste derrière. Sans états d'âme. Patron depuis presque un an de l'UMP, le député de l'Aisne n'a jamais cherché à se distinguer de Nicolas Sarkozy à coups de petites phrases ou de polémiques savamment dosées. Il a choisi de mettre ses pas dans ceux du chef de l'État. Et d'entretenir le lien entre l'Élysée et la « base » de l'électorat sarkozyste, que l'on sent aujourd'hui désarçonnée par le rythme des réformes ou les à-coups de l'« ouverture ». Pour Xavier Bertrand, la ligne est simple à tenir : « Il faut être fidèles à nos valeurs, mobilisés, du Premier ministre au militant de base, et enfin unir toutes les composantes de la majorité présidentielle. »En ce moment, le secrétaire général de l'UMP se concentre sur le scrutin des 14 et 21 mars. Il sait que la bataille sera rude. Depuis 2004, la gauche préside vingt des vingt-deux régions métropolitaines. Les derniers sondages la donnent en tête. Nicolas Sarkozy a déjà fixé les thèmes de campagne : la fiscalité locale, l'identité nationale et la sécurité? « Si on a remporté les élections européennes, ce n'était pas dû au hasard. Si on fait la même chose aux régionales, on gagnera des régions. Depuis 2007, nous sommes restés fidèles à nos valeurs et à nos électeurs », traduit Xavier Bertrand.Premier des militants sarkozystes, le patron de l'UMP a multiplié les déplacements « de terrain » depuis presqu'un an : une centaine au total. « Je prends souvent soin de passer la nuit sur place, ça permet de mener les discussions jusqu'au bout », explique-t-il. « En politique, ajoute-t-il, on passe beaucoup de temps à remettre les pendules à l'heure. » Christophe Béchu, qui défendra les couleurs de l'UMP dans les Pays de la Loire, pense que Xavier Bertrand garde une longueur d'avance sur les autres responsables de la majorité. « Je suis assez admiratif du fait qu'il a librement quitté le gouvernement pour s'occuper du parti. Cela donne de la crédibilité à son discours sur l'attachement à sa famille politique. C'est quelqu'un qui a démontré son sens du collectif. » Il y a une semaine, le secrétaire général de l'UMP était justement à Nantes pour un déplacement au fort parfum de campagne électorale. « Vous avez élu Nicolas Sarkozy pour réformer pendant cinq ans et pas pendant deux ans et demi. Souvenez-vous du discours de Nicolas Sarkozy à Charleville-Mézières en décembre 2006, il avait dit : ?Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous abandonnerai pas.? Eh bien oui, c'en est fini de cette époque où les promesses ne duraient que le temps d'une campagne électorale ! Le président de la République ne déviera pas de sa route. Il a été élu pour changer ce pays », lance Xavier Bertrand aux quelque 700 participants à un dîner-débat à Vertou. Sous l'?il averti de Franck Louvrier, le « M. Communication » de l'Élysée, qui devrait faire son entrée sur la scène politique lors du scrutin de mars en Loire-Atlantique.Pendant que les ténors de la majorité tanguent sur les réformes fiscales et territoriales, le patron de l'UMP décline sans relâche les « valeurs » de sa famille politique : « travail, sécurité et famille ». Il cite pêle-mêle le service minimum, la suppression des droits de succession, le RSA, la vidéosurveillance, le cinquième risque? Car Xavier Bertrand veut notamment faire entendre la voix du parti sur des thèmes de société : il a affirmé son opposition à l'adoption par des couples homosexuels et compte engager un débat sur la suspension de tout ou partie des allocations familiales pour « les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école ». Il se mobilise aussi pour le débat sur l'identité nationale que pilote le ministre de l'Immigration, Éric Besson.Pour le secrétaire général de l'UMP, un parti ne doit pas « se contenter » d'accompagner l'action du gouvernement qu'il soutient. « Si on veut attirer de nouveaux militants, ils doivent savoir que leurs idées seront utilisées. Si une réforme votée avant la fin du quinquennat est issue des travaux de l'UMP, ils sauront que leur voix est utile, et pas seulement pour les élections », souligne-t-il. Pour y parvenir, la direction de l'UMP compte notamment sur le développement des réseaux sociaux sur Internet. L'outil a déjà un nom, les Créateurs de possibles, et vise à être un instrument de communication directe, de la base au sommet. D'ici à la fin de l'année, le site Internet rénové du parti sera couplé avec ce réseau social. Dans le courant de l'année 2010, l'UMP devrait aussi déménager, quitter la très bourgeoise rue La Boétie, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour un secteur plus « populaire », dans le XVe ou le XVIIe. Là aussi, la création d'espaces de rencontre et de discussion entre dirigeants et militants sera privilégiée. En arrivant, fin janvier 2009, à la tête de l'UMP, Xavier Bertrand s'est fixé un objectif ambitieux : 500.000 militants « encartés » en 2012, année de l'élection présidentielle. Aujourd'hui, le parti revendique 240.000 adhérents, contre 370.000 en décembre 2007. Mais, dès lors qu'on leur garantit l'anonymat, certains membres dans la majorité assurent qu'on serait plutôt autour des 190.000. Ce reflux a débuté aux lendemains de l'élection de Nicolas Sarkozy. Il s'est amplifié à la suite des défaites électorales du printemps 2008 et ne cesse de? mettre en joie les adversaires de Xavier Bertrand au sein de l'UMP. Il y a quelques jours, son prédécesseur à la tête du parti, Patrick Devedjian, a estimé qu'il n'y aurait « pas longtemps à attendre pour qu'on puisse faire les comparaisons » entre sa gestion de l'UMP et celle du député de l'Aisne. Pas de quoi émouvoir l'intéressé. « En ce qui concerne les polémiques, il y a trois genres de gens : ceux qui les lancent, ceux qui les entretiennent, et ceux qui les ignorent. Moi j'appartiens à la troisième catégorie. » Et le secrétaire général de l'UMP reprend à son compte le néologisme de François Fillon, qui se disait récemment « inénervable » face aux frondes à répétition dans la majorité. Quand Patrick Devedjian ironise sur son déplacement à Pékin et la signature d'un protocole d'accord avec le Parti communiste chinois, Xavier Bertrand préfère botter en touche en défendant un dialogue « nécessaire » avec la Chine. Même chose quand Jean-François Copé renchérit en ironisant sur « notre secrétaire général bien-aim頻, et même « notre premier secrétaire ».La rivalité « générationnelle » entre Xavier Bertrand et Jean-François Copé n'est plus un mystère pour personne. Le président du groupe UMP de l'Assemblée prend soin de multiplier les manifestations d'indépendance vis-à-vis de l'Élysée et du parti. Jean-François Copé a lancé son propre club de réflexion, Génération France, 84 antennes en province et 4.000 adhérents. Pour les partisans du député-maire de Meaux, ce n'est « certainement pas » de l'UMP que vont sortir les idées qui nourriront la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, faute de liberté d'initiative et « des personnes pour mener ce travail ». Un député UMP estime que « le parti est ligot頻 et « n'est pas un lieu de débats ». « Il n'y a pas de propositions, les talents ne sont pas encouragés », affirme-t-il en soulignant que le patron du parti n'est pas seul responsable d'une situation aggravée par « l'esprit de cour » à l'Élysée.Xavier Bertrand continue d'afficher une sérénité à toute épreuve tout en rappelant la loi d'airain de la majorité : « S'il n'y avait pas de débats, vous diriez que nous sommes des godillots. Mais une chose doit rester claire pour tout le monde : nous tenons tous notre légitimité de l'élection du président de la République. » nLes ténors de la majorité tanguent sur les réformes fiscales et territoriales. Lui décline sans relâche les « valeurs » de sa famille politique : « travail, sécurité et famille ».21 mars 1965 : naissance à Châlons-sur-Marne.19 juin 2002 : député de l'Aisne2004-2009 : secrétaire d'État puis ministre de la Santé et du Travail dans les gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon.2007 : porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy24 janvier 2009 : secrétaire général de l'UMP
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