Le dollar perd pied face au yen

Dans l'esprit des opérateurs, tout s'est passé comme si les responsables monétaires des grands pays leur avaient donné le feu vert pour intensifier leurs stratégies de portage dont le dollar est devenu le vecteur. Résultat, après un mois de novembre relativement calme où le billet vert était resté cantonné dans une étroite fourchette, ils ont choisi le jour de Thanksgiving pour lui faire franchir des barrières qui, jusque-là, les bloquaient. Après avoir dès mercredi hésité à casser le seuil de 1,51 dollar pour 1 euro, ils l'ont franchement enfoncé hier, entraînant la monnaie américaine jusqu'à 1,5140, son plus bas niveau depuis août 2008. Mieux, en faisant franchir au dollar le seuil de 87 yens, pour l'entraîner jusqu'à 86,30, les opérateurs ont envoyé le billet vert à son plus bas niveau depuis quatorze ans face à la monnaie du pays du Soleil-Levant. Des mouvements évidemment amplifiés par l'étroitesse des marchés en ce jour férié aux États-Unis. Et si le billet vert a connu un sursis en deuxième partie de séance, il ne l'a dû qu'aux inquiétudes suscitées par la situation financière de l'émirat de Dubaï, qui a demandé un délai de six mois pour honorer ses dettes.Le premier prétexte pour « lâcher » le dollar a été fourni au marché dès mardi soir avec la publication des minutes de la dernière réunion de la Fed. On pouvait y lire que les récents mouvements du dollar s'étaient effectués « sans à-coup », ce que le marché a interprété comme une « douce négligence » de la part de la banque centrale à l'égard du taux de change de sa monnaie. Ils ont trouvé la deuxième excuse dans des propos tenus le lendemain par un responsable de la Bundesbank, Hans-Helmut Kolz, estimant que le niveau actuel de l'euro n'était pas un sujet de préoccupation pour l'Allemagne. Enfin, l'annonce par la Russie de sa volonté de diversifier ses réserves pour y inclure le dollar? canadien, a donné le coup de grâce au dollar? des États-Unis, qui se taille encore une part de 47 % de ce trésor de guerre, l'euro en représentant 41 %.Le dollar se rapproche donc d'un cran de ses planchers historiques, atteints à 1,6038 face à l'euro le 15 juillet 2008 et à 79,75 face au yen le 19 avril 1995. Néanmoins, le mouvement est devenu à ce point à sens unique que tout revirement des anticipations, notamment sur l'avenir des taux américains, risque de provoquer un renversement brutal des positions, en ravivant l'aversion au risque. En outre, si le dollar se rapproche du seuil de 85 yens, les autorités japonaises seront beaucoup plus promptes à intervenir sur le marché des changes qu'elles ne le laissent entendre aujourd'hui. Absente du marché depuis mars 2004, la Banque du Japon était antérieurement coutumière d'incursions massives dans le marché lorsque celui-ci devenait trop volatil. Elle pourrait renouer avec la tradition. n L'annonce par la Russie de sa volonté de diversifier ses réserves pour y inclure le dollar? canadien a donné le coup de grâce.
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