Le Médiateur du crédit n'est pas le Père Noël !

Tout récemment les banques américaines viennent de déclarer qu\'elles n\'appliqueront pas Bâle III en 2013. C\'est le système du « moi d\'abord » qui prévaut toujours outre-Atlantique quand il s\'agit de protéger ses acteurs économiques. Les banques françaises continueront l\'indispensable plan de route de la sécurité et de la stabilité financières. Mais la mise en place de règles prudentielles renforcées entraine des coûts financiers et humains pour elles-mêmes et une réduction d\'accès aux crédits et aux financements pour les entreprises en difficultés. Elles doivent dans les mois qui viennent, avec le soutien de l\'Etat, mettre en place de nouveaux amortisseurs. Sinon les PME n\'y arriveront pas. La crise est encore là.La volonté des princesC\'est dans ce contexte que l\'on sent, ici et là, monter l\'inquiétude quant à la prolongation de la Médiation du Crédit aux Entreprises dont l\'accord de place prend fin le 31 décembre 2012. Pourquoi un tel sentiment, aujourd\'hui, alors que ses équipes font tout pour sauver des dossiers difficiles, et que rien, dans les déclarations du candidat puis du président François Hollande, ne laisse envisager cette suppression ? Alors y-a-t-il urgence ou priorité ? Les deux, tout simplement. Rappelons que la Médiation du Crédit est un peu la volonté des princes. Elle a été mise en place en octobre 2008 et renouvelée une fois pour deux ans. Sans texte législatif ni réglementaire. C\'est une « simple convention » signée principalement par le ministre de l\'Economie, le gouverneur de la Banque de France et la Fédération bancaire française. Jusqu\'en septembre 2009, la Médiation du Crédit, présidée par René Ricol, a été une médiation de fondation et de combat. Son autorité et son action ont été fortes dans un début de crise sans précédent où les PME se trouvaient un peu comme au « Chantier des Dames » face aux banquiers et aux assureurs crédit. Elle a sauvé toutes sortes d\'entreprises et des emplois. Gérard Rameix a hérité de cette légère structure qui s\'est orientée vers une médiation de gestion ou les banquiers, les assureurs et les entrepreneurs ont appris à se rencontrer, se connaître, se parler et même se comprendre. Tout en gérant, en urgence, les problèmes quotidiens d\'accès au crédit et aux financements aux côtés du CIRI et depuis peu des Commissaires au redressement productif.Trop d\'entreprises restent au tapis ! L\'Etat a donc pris, lui-même, conscience de l\'urgence. Mais prolonger le bail de la Médiation sur les mêmes bases ne suffit pas. Cette structure a besoin d\'un nouveau souffle, d\'un rayonnement différent afin qu\'elle devienne une véritable médiation d\'accompagnement des entreprises. Car la situation financière n\'est pas figée et évolue en permanence. En effet, toutes les équipes de la Médiation nationale, à Paris ou en régions, tous les tiers de confiance voient arriver aujourd\'hui des dossiers d\'entreprises « essorées ». Elles ont trop attendu pour déclencher le dispositif par méconnaissance, crainte, espoir d\'un sursaut ou par fierté. Alors, malgré les bons résultats de la Médiation, trop d\'entreprises restent au tapis ! C\'est pourquoi, il faut communiquer davantage avec les banquiers et encourager les entreprises, dès les premières difficultés, à jouer le jeu de la clarté et se tourner vers les organisations patronales, les chambres des métiers, les organismes consulaires qui peuvent les guider, tout de suite, à tout moment, sans les culpabiliser ni les juger. L\'urgence est de travailler ainsi, plus en amont.Montrer une véritable ambition PMEEt pour donner une juste place à la priorité PME, pour redynamiser ce tissu économique fragile et favoriser l\'emploi, attention de ne pas faire croire que les banques peuvent « tout financer » ou que la Médiation du crédit peut « tout sauver ». Il en est de même pour la Médiation des relations inter-entreprises et de la toute nouvelle Médiation des marchés publics. La priorité est de faire effet de levier, d\'intégrer ces dispositifs dans le cadre du Conseil du Financement des Entreprises qu\'il faut créer. Le Haut Responsable à l\'Entrepreneuriat, dont on attend la nomination, pourrait présider ce Conseil sous l\'autorité du ministre de l\'Economie et Finances, en présence de représentants parlementaires et des régions, en lien fort avec la Banque de France, et composé d\'acteurs impliqués des établissements bancaires et des entreprises. Un tel organisme, permanent et resserré, aura du poids, une réelle capacité d\'intervention et une totale liberté d\'interpellations et d\'actions. Ce sera un véritable lieu d\'échanges et de propositions. Parmi ses missions, il doit diriger les travaux de l\'Observatoire du financement des entreprises et veiller à la publication d\'un tableau du financement des TPE-PME dans l\'économie française qui manque cruellement et prenne en considération la dimension régionale. Encore faut-il l\'envie de réunir ce qui est épars et montrer une véritable ambition PME. Pierre Mendes-France, qui savait être visionnaire, n\'écrivait-il pas qu\'en politique comme en économie, il n\'est pas bon de « s\'accommoder d\'un opportunisme prudent » et que « gouverner c\'est choisir » ?  
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