Réseaux de soins : "les mutuelles choisissent l'archaïsme"

La médecine française est en ébullition. Les médecins découvrent aujourd\'hui ce que les chirurgiens dentistes vivent et dénoncent depuis des années. Un projet de loi est actuellement en discussion au Parlement pour autoriser les mutuelles à différencier leurs remboursements en fonction de l\'adhésion ou non de leurs adhérents à leurs contrats.L\'Union des jeunes chirurgiens dentistes (UJCD) combat depuis des années les réseaux de soins fondés sur des considérations économiques plutôt que médicales et particulièrement les réseaux fermés aux listes de praticiens limités. Elle exige que la contractualisation avec l\'assurance maladie complémentaire (assureurs, instituts de prévoyance, ou organismes mutualistes) passe par la convention dentaire, fruit d\'une véritable négociation nationale avec l\'Uncam (Union nationale des caisses d\'assurance maladie), l\'Unocam (Union nationale des organismes d\'assurance maladie complémentaires) et les syndicats représentatifs de notre profession. L\'UJCD appelle de ses vœux la mise en place d\'une nomenclature moderne, adaptée aux données actuelles de la science et dans laquelle chaque soin est honoré à sa juste valeur comme partout en Europe.Les assureurs complémentaires santé se trompent de combatEn sollicitant la possibilité de promouvoir des remboursements différenciés les complémentaires se trompent de combat à plus d\'un titre : affirmer que la contractualisation que les mutuelles veulent mettre en place amènerait des patients aux confrères était audible dans les années 80 ou 90. Elle n\'a plus aucun sens à l\'heure où l\'on nous rebat les oreilles avec la désertification médicale et les files d\'attentes chez les professionnels de santé. La quasi totalité des praticiens sont saturés et leurs patients sont plus soucieux de trouver un rendez-vous que de négocier les tarifs. Cet argument prêterait à sourire s\'il n\'était pas l\'habillage d\'une réalité plus crue : l\'économie a pris le pouvoir sur l\'éthique.Mettre en avant un reste à charge moindre pour un patient optant pour un praticien du réseau, met à mal le modèle social français fondé notamment sur le libre choix du praticien par le patient, et gage de qualité. Pour préserver ses remboursements, le patient, lié par son contrat est contraint de choisir les praticiens référencés par les financeurs sur des critères économiques et non sur des critères de qualité.Les réseaux de soins tournent le dos au principe d\'égal accès pour tousCes réseaux tournent le dos au principe d\'accès égal pour tous sur le territoire national que le Président de la République promeut en imposant un praticien et donc sa localisation au patient prisonnier de son contrat. Pire, les contrats incriminés, imposant un praticien, son lieu d\'exercice et des prix plafonnés pour certains actes, peuvent conduire les patients à ne plus recevoir les soins requis par leurs besoins thérapeutiques, mais ceux que son contrat prend en charge, qu\'il soit le plus adapté ou pas.Cette démarche de facilité est confortable pour les mutuelles. Elles se dédouanent à peu de frais de leurs responsabilités sociétales en mettant en avant leurs obligations de gestionnaires. Ce faisant elles participent à la pérennisation d\'un système délétère, et sous couvert de défendre \"leurs\" assurés elles prêtent leurs voix au concert parfaitement orchestré de la stigmatisation honteuse de notre profession par certains médias qui confondent journalisme et presse à scandaleLes mutuelles se confinent à des réponses archaïquesAvec un soupçon de courage politique, plutôt que de céder à une direction de l\'Uncam (Union nationale des caisses d\'assurance maladie) dont le temps est compté, les complémentaires pourraient jouer le rôle déterminant que le législateur leur a donné en leur conférant la qualité de partenaire conventionnel de plein droit. Elles pourraient s\'associer aux voies ouvrant un avenir à notre profession et répondant à leurs principes d\'exigence sociale. Elles pourraient participer à une réforme ambitieuse de la valorisation et de prise en charge de l\'ensemble des actes bucco dentaires que la profession appelle de ses vœux depuis des années.L\'UJCD est attachée à la qualité de notre système de soins. Elle défendra les chirurgiens dentistes pour qu\'ils ne puissent être isolés et démunis, otages d\'organismes financiers dont les buts sont tout autres que médicaux.Voilà les vraies questions que les mutuelles devraient se poser aujourd\'hui au lieu de se confiner à des réponses archaïques qui pérennisent un système organisant l\'exclusion sociale dans un pays qui revendique sa modernité. Il y a urgence à sortir de cette spirale infernale ou l\'économie contraint l\'éthique. En osant ce courage politique, à la hauteur de l\'esprit mutualiste des fondateurs, on mettrait enfin la santé au cœur de l\'avenir du sourire de nos concitoyens. 
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