L'asphyxie financière de Dubaï hypothèque son développement

CriseLa crise financière n'en finit pas de faire des victimes. Dernière en date, et non des moindres, Dubaï, l'un des Émirats arabes unis, est virtuellement en faillite, la bulle immobilière qui s'y était formée ayant explosé hier. L'annonce par Dubaï World, le conglomérat public, de son impossibilité à honorer le 14 décembre une obligation islamique d'un montant de 3,5 milliards de dollars a mis le feu aux poudres, et contraint les autorités à demander un moratoire auprès de leurs créanciers.Le conglomérat est endetté à hauteur de 59 milliards de dollars, une large part des 80 milliards de dette contractée par l'émirat. L'annonce a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le monde de la finance, entraînant une forte secousse des marchés boursiers (lire page 20). L'événement devrait avoir des conséquences pour certains prêteurs, parmi lesquels des banques occidentales comme HSBC, BNP Paribas, Calyon, Deutsche Bank, RBS, Barclays, Lloyds et Credit Suisse, qui publiait hier une note estimant à près de 20 milliards de dollars l'exposition des établissements européens. Pour sa part, la Banque des règlements internationaux (BRI) évaluait à 93 milliards de dollars cette exposition pour l'ensemble des établissements occidentaux, dont 11 milliards de dollars pour les établissements français, ce qui représente 0,1 % de leurs engagements. En revanche, plusieurs établissements bancaires de la région du Moyen-Orient pourraient se trouver dans une situation délicate. L'agence de notation Standard and Poor's, qui apprécie le risque de solvabilité financière, a placé sous surveillance négative quatre banques de Dubaï. Signe de méfiance supplémentaire, la Bahrein Gulf International Bank (GIB), détenue majoritairement par l'Arabie Saoudite, a annoncé ajourner l'émission en dollars d'une obligation à cinq ans.Dans le même temps, les autorités de Dubaï ont annoncé avoir levé 5 milliards de dollars, en précisant que l'opération était prévue de longue date, car faisant partie d'un programme d'émissions obligataires de 20 milliards de dollars, lancé en début d'année. Toutefois, les 10 milliards précédemment levés l'avaient été auprès de la banque centrale des Émirats arabes unis, tandis que l'émission d'hier a été placée auprès de deux banques contrôlées par Abu Dhabi, la National Bank of Abu Dhabi et Al Hilal Bank.Des projets grandiosesMalgré l'aide de son voisin, qui tire sa richesse du pétrole, Dubaï n'a pas pu faire face à ses engagements. Sans ressources naturelles, il a misé sur l'immobilier haut de gamme pour son développement, en se lançant dans nombre de projets pharaoniques (voir encadré ci-dessous), comme la construction d'une île artificielle en forme de palmier. De fait, l'austère Abu Dhabi pourrait accroître son contrôle sur le frivole Dubaï. Robert Jule
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