Le ras-le-bol général des Égyptiens

« Ça suffit ! On doit changer les règles ! Trop de gens vivent dans la misère ! » s'insurge Omar, 19 ans, étudiant en économie, au coeur d'une manifestation. « On exige l'instauration d'un salaire minimum de 1.200 livres (150 euros). Je descendrai dans la rue jusqu'à ce que le gouvernement réponde à nos demandes ! » Depuis mardi, les Égyptiens manifestent leur colère dans les rues du pays. Pour mettre fin à l'ère Hosni Mourabak, au pouvoir depuis près de trente ans. Mais aussi pour obtenir un système social plus équitable.Pourtant, sur le papier, l'Égypte se porte bien. Son économie est dynamique avec un taux de croissance de 6 % au premier trimestre 2010. De par sa stabilité politique et grâce aux réformes de libéralisation économique entamées en 2004 par le Premier ministre, Ahmed Nazif, le pays à la faveur des investisseurs étrangers. Depuis 2009, il est la deuxième destination la plus attractive du continent africain, avec plus de 5 milliards d'euros d'investissements directs étrangers par an.Mais tout le monde ne profite pas de ce dynamisme. Mohamed est vendeur de chaussures au centre-ville. Il gagne moins de 1.000 livres (125 euros) par mois. Il a dû mal à joindre les deux bouts. « Quand le salaire tombe à la fin du mois, je ne sais pas comment faire pour tout payer ! Le loyer à 350 livres (45 euros), l'électricité, la nourriture pour ma femme et mes deux enfants... » Aux salaires de misère s'ajoute l'inflation galopante : elle est environ de 10 % par an. « Le prix du sucre est à 2,50 livres ! Vous vous rendez compte ! Il faut que le gouvernement baisse les prix, on ne peut plus continuer comme ça ! » s'inquiète-t-il.L'opposition se réveillePlus généralement, c'est tout un système que dénoncent les manifestants : un État rongé par la corruption, la proximité douteuse des hommes d'affaires et des dirigeants politiques, le népotisme... Un système, enfin, où la redistribution des richesses est inexistante. Aujourd'hui, 40 % des 80 millions d'Égyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 2 dollars par jour.Pour parer à une éventuelle propagation du soulèvement tunisien, le gouvernement égyptien a annoncé la semaine dernière que 4 milliards de livres (500.000 euros) supplémentaires seront consacrés aux produits subventionnés par l'État. Pour l'instant, les autorités se veulent confiantes. Selon le ministre du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohamed Rachid, il n'y a pas de risque de déstabilisation en Égypte.Mais, les manifestants ne l'entendent pas de cette façon. Via les réseaux sociaux, qui jouent un rôle essentiel, de nouveaux rassemblements sont prévus ce vendredi à travers le pays, après la prière. Une page Facebook consacrée à cet appel a déjà enregistré 55.000 amis. Et l'opposant et ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei est arrivé jeudi soir au Caire pour y participer.
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