Les Algériens ne profitent pas de leur rente pétrolière

« La majorité des produits ne sont plus à la portée des salariés », constate Karim, 40 ans, employé dans une PME à Alger. « Je touche 20.000 dinars par mois (200 euros), mais les prix des produits augmentent sans cesse », dit-il, avouant que les fins de mois sont toujours difficiles. Ce père de trois enfants habite avec ses parents, dans un trois-pièces à Bab El Oued, quartier populaire du centre d'Alger. « Les loyers sont trop chers, et il faut payer une année d'avance », explique-t-il. À Alger, il faut au moins 15.000 dinars pour se loger, soit le salaire minimum garanti. Le revenu moyen avoisine 30.000 dinars.« Pauvres dans un pays riche »Les prix des logements grimpent depuis 2000, avec l'amélioration de la sécurité, après dix ans de terrorisme. Il faut compter près de 100.000 euros pour un deux-pièces en centre-ville. Et le million de logements bâtis par l'État depuis 2001 n'a pas résolu la crise. « Pour avoir un logement social, il faut avoir des relations bien placées. Nous sommes un peuple pauvre dans un pays riche », résume Karim, une allusion à la rente pétrolière (56 milliards de dollars en 2010).En outre, les produits de première consommation sont devenus de plus en plus chers ces dernières années, à cause de l'inflation galopante et de la dépréciation du dinar. Le prix du kilo de sardines, le poisson le moins cher, a été multiplié par sept en une année pour atteindre 350 dinars (35 euros), la viande rouge avoisine 1.000 dinars le kilo (10 euros). « Il est impossible de se nourrir convenablement. On doit aussi faire face aux dépenses de soins, de vêtements et de frais de scolarité des enfants », se lamente Karim.« Notre aliment de base est le pain et le lait en sachet », ajoute-t-il. Le lait en sachet, subventionné par l'État, coûte 25 dinars le litre, mais il y a de fréquentes pénuries. Début janvier, la majoration des prix du sucre et de l'huile a provoqué des émeutes qui ont fait 5 morts et 1.000 blessés. Le gouvernement a décidé de puiser dans les réserves de change (155 milliards de dollars) pour subventionner ces produits en supprimant les taxes.
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