Le big bang des marchés européens tarde à produire ses effets

La concurrence entre les différentes infrastructures de marchés apparue lors de la mise en oeuvre de la directive Marchés d'instruments financiers (MIF), en novembre 2007, a créé une vive compétition tarifaire entre les Bourses historiques et les nouveaux acteurs des plates-formes alternatives (MTF). Elle s'est traduite par une diminution globale des coûts explicites de transaction variant de 35 % à 45 % suivant les profils de clients (banques d'investissement, institutionnels et ordres « retail » émanant des particuliers). Si les nouveaux acteurs ont offert des tarifs assez proches pour ces trois profils, les anciens monopoles ont procédé à des baisses de tarifs sélectives selon le type de clientèle (voir graphique). Globalement, leurs coûts de transactions ont reculé de 20 % à 33 % entre 2007 et 2009.Ces efforts sensibles restent toutefois relatifs comparés à ceux consentis par les MTF, pour lesquels une transaction revient en moyenne cinq fois moins chère que sur un marché historique, et qui captent aujourd'hui 25 % des capitaux échangés sur actions en Europe. Malgré les baisses tarifaires, la plupart des intervenants ne voient pas de répercussion financière immédiate du fait des investissements nécessaires pour s'adapter à ce nouvel environnement marqué par la fragmentation de la liquidité : accès aux données de marchés, connexion aux différentes plates-formes et adaptation des processus postmarché, recherche de l'exécution au meilleur prix pour le client. Par ailleurs, la chute des volumes de transaction entre 2007 et 2009 (? 65 %), du fait de la crise financière, a limité l'impact des réductions affichées en raison de la dégressivité des tarifs avec les volumes.services fragmentésQuelles perspectives pour 2010 ? Sur la partie négociation, de nouvelles baisses tarifaires sont annoncées, mais deux facteurs restent cruciaux pour entraîner une réduction effective des coûts : la reprise des volumes d'une part, et la capacité des MTF à résister face aux Bourses historiques d'autre part. La plate-forme Turquoise est déjà en passe d'être rachetée par le LSE. Seul Chi-X, au troisième rang derrière le LSE et Nyse-Euronext, avec 13 % de part de marché en Europe, est aujourd'hui parvenu à s'imposer comme un compétiteur pérenne face aux Bourses historiques.Enfin, les services de compensation et de règlement-livraison, qui ont été fragmentés avec la multiplication des plates-formes de négociation, représentent aussi un centre de coûts non négligeable pour les intervenants, et il faudra probablement attendre le projet Target 2 Securities de la Banque centrale européenne pour permettre une réduction des prix bénéficiant au client final. De sorte qu'après deux ans de MIF, les objectifs de réduction de coûts sont encore loin d'être atteints pour l'investisseur final, qui devra encore patienter avant de voir ses frais de transaction diminuer significativement. C.T.
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