Les tensions sur la dette « périphériques » pas prêtes de s'apaiser

Avec en point d'orgue la tenue, jeudi et vendredi derniers, du sommet dédié à l'élaboration d'une solution « globale » à la crise de la zone euro, le mois de mars devait consacrer le retour de la confiance dans les dettes « périphériques ». Mais les divergences des dirigeants européens, la crise politique portugaise et les dégradations de notation en ont décidé autrement. Dégradé vendredi de « A- » à « BBB » par Standard & Poor's, quelques heures après une décision similaire de Fitch, le Portugal a vu son taux à 2 ans grimper de 70 points de base sur la semaine pour clôturer au-dessus de 7 % pour la première fois depuis l'adoption de l'euro par Lisbonne. Même constat pour l'Irlande, dont le système bancaire continue d'inquiéter et pourrait nécessiter plus que les 35 milliards d'euros accordés en novembre lors du sauvetage du pays. Le taux à 2 ans irlandais a bondi la semaine dernière de 100 points, à 9,99 %, après avoir atteint un record de 10,70 %. Quant à la Grèce, son taux à 2 ans reste arrimé aux alentours de 15 %.« Les inquiétudes sur le défaut d'un ou plusieurs pays périphériques se sont intensifiées ces dernières semaines. Compte tenu de la situation du Portugal et des incertitudes entourant le mécanisme de résolution des crises, ces tensions ont plus de chances de s'aggraver que de se calmer dans les prochaines semaines », estime Jonathan Loynes chez Européen Economics.Parmi les acquis du sommet figure la mise en place mi-2013 du Mécanisme européen de stabilité (MES) pour succéder au Fonds européen de stabilité financière (FESF). Doté d'une capacité effective de 500 milliards d'euros, le MES pourra prêter aux pays en difficulté, et éventuellement acquérir des titres de dette lors de leur émission. Cette aide sera accordée en échange d'ajustements budgétaires, et des abandons de créances ? dont les contours restent flous et inquiètent les investisseurs - pourront être imposés aux créanciers privés en cas d'insolvabilité du pays. Les dirigeants européens ne sont en revanche pas parvenus à s'entendre sur la renégociation des prêts accordés à l'Irlande, ni sur la question des modalités de l'extension de la capacité effective du FESF à 440 milliards d'euros, repoussée à juin.Le principal danger réside dans les atermoiements sur l'aide au Portugal, qui pourrait ne plus réussir à se refinancer alors que se rapprochent des échéances de remboursement de dette de 9 milliards d'euros. « Nous estimons que le Portugal pourra financer ses échéances d'avril et son déficit budgétaire de mai, mais pas le pic de remboursements de juin », explique les experts de BNP Paribas. Dans l'incertitude, les marchés pourraient par contagion mettre sous pression l'Espagne, dont les banques détiennent environ un tiers du stock de dette portugais. Julien Beauvieux
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