ArcelorMittal, quatre ans d'âge, 47.000 suppressions de postes

Lorsqu'il réussit à s'emparer d'Arcelor en 2006, Lakshmi Mittal n'imaginait pas que les expéditions d'acier du nouveau groupe allaient atteindre cette année-là un pic, avant de ployer sous l'effet de la crise. En 2010, le groupe a en effet écoulé 85 millions de tonnes d'acier, 25 millions de moins qu'en 2006. Sur l'emploi, les données ne sont guère plus riantes. Selon son dernier rapport annuel, le numéro un mondial de la sidérurgie, qui comptait 319.577 employés fin 2006, a terminé l'exercice 2010 avec 273.811 employés, soit près de 15 % de postes en moins. Seule une région a vu ses effectifs augmenter : l'Amérique du Sud, avec les pépites héritées d'Arcelor au Brésil, marché émergent et peu concurrentiel. L'emploi en Amérique du Nord, où le groupe a acquis quelques actifs miniers, est resté presque stable. Le recul des effectifs en Asie (-15%) traduit son incapacité à percer sur ces marchés en croissance, notamment en Chine. Mais la brutalité de la crise se lit avant tout dans la baisse des effectifs européens. Dans les pays d'Europe de l'Est (hors les membres de l'Union européenne), les restructurations amorcées dès 2007 au sein d'actifs peu productifs apportés par Mittal ont été poursuivies. En quatre ans, 20.000 emplois ont disparu, soit un tiers des 60.000 que la zone comptait en 2006, selon des informations recueillies par le cabinet Syndex pour le comité d'entreprise européen. Pas de licenciements secsDans les pays de l'Union (à 27), la crise a au contraire déclenché la purge. Environ 23.000 emplois ont été supprimés depuis 2007, soit 18 % des effectifs, un taux supérieur au nombre d'emplois supprimés par l'industrie européenne dans son ensemble, (- 12 %), selon le syndicat européen de l'acier Eurofer. Pologne et Roumanie ont chacun perdu plus de 6.000 emplois. En France, précise Jean-Pierre Mullié, le directeur des ressources humaines en France du groupe, les effectifs ont diminué d'environ 3.500 personnes depuis fin 2007 pour s'établir à 23.500 fin 2010. Plus de 2.400 départs volontaires ont eu lieu dans le cadre du plan lancé en 2009, pour un objectif initial de... 1.400. Malgré cela, les syndicats savent gré à Lakshmi Mittal de ne pas avoir taillé à la hache. « Nous avons connu du chômage partiel ou des arrêts temporaires d'installations, mais jamais de licenciements secs dans les pays de l'Union à27 ou de fermetures de sites », souligne Jacques Laplanche, secrétaire CGT du comité d'entreprise européen. « Avec l'ancienne direction d'Arcelor, cela aurait peut-être été plus brutal, des sites auraient certainement fermé. Avec Mittal, on répartit un peu plus la misère », estime-t-il. « Pour l'instant, même si on vit des périodes difficiles, Lakshmi Mittal n'a touché à aucun statut », relève pour sa part Édouard Martin, élu CFDT au comité de groupe européen.
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