Les « pilules empoisonnées » retrouvent des couleurs

L'assemblée générale de Vallourec qui se tient lundi 31 mai devrait être le théâtre d'un très symptomatique changement de position des défenseurs des actionnaires minoritaires. Il sera effectivement proposé, lors de cette réunion, de voter l'introduction de « bons Breton », ces bons de souscription d'actions attribués gratuitement aux actionnaires en cas d'offre hostile. Des produits jusqu'à présent très mal vus de la part de toutes les officines de conseils en vote et des cabinets tels que Deminor ou l'Adam. Or, la présidente de cette dernière association a prévu, à cette occasion, de se montrer favorable à une telle introduction.Pourquoi un tel revirement ? Colette Neuville est claire : « Lorsque les marchés se portent bien et que les entreprises sont correctement évaluées en Bourse, il n'est pas normal d'entraver le libre jeu de la Bourse et de mettre en place des pilules empoisonnées susceptibles d'ôter tout caractère spéculatif à l'entreprise concernée. En revanche, les niveaux actuels de cours sont particulièrement bas. Du coup, les sociétés sont devenues des proies plus qu'abordables pour d'importants groupes à l'affût. Ces enterprises sont donc aujourd'hui affaiblies et je trouve normal que les dirigeants tentent d'organiser des parades pour ne pas tomber entre les griffes d'opportunistes. Il faut savoir moduler ses opinions en fonction des évènements ».Ce sentiment est d'autant plus intéressant qu'il y a deux ans, lors de son assemblée générale, le conseil d'administration de Vallourec avait renoncé à mettre au vote l'introduction de ces fameux bons Breton en raison des réactions négatives émises ici et là.Créés en 2006, les bons Breton n'ont pas vraiment séduit les entreprises cotées, au début. A ce jour, seule une petite dizaine de sociétés du CAC 40 s'en sont dotés. Au total, 21 entreprises ont inscrit ce principe dans leurs statuts ou s'apprêtent à le faire cette année. Si les organes de conseils de vote aux assemblées revoient leur jugement sur les bons Breton, peut-être pourrait-on assister à une nouvelle inflexion. Et là où nombre de conseils d'administration n'osaient pas mettre au vote cette option de peur de la voir retoquée lors des assemblées générales, ceux-ci pourraient bel et bien revoir leur feuille de route. Lorsque Thierry Breton, alors ministre de l'Economie avait proposé ce dispositif, le climat était effectivement aux OPA hostiles internationales. Et de peur de voir partir les fleurons français entre les mains de capitaux étrangers, il n'avait pas hésité à prendre des mesures. Les éventuels appétits de Pepsico sur Danone avait mis le feu aux poudres, et décidé les politique à prendre le sujet à bras le corps, d'autant que dans la foulée, l'indien Mittal prenait d'assaut le capital d'Arcelor. n
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