Crise entre industriels et financiers sur le marché du cacao londonien

Industriels et processeurs de cacao ne désarment pas. Après avoir envoyé début juillet un courrier au Nyse Liffe s'inquiétant du manque de transparence du marché du cacao et menaçant même de quitter Londres pour New York, le groupe des 16 acteurs impliqués a rencontré hier la place de marché. Qui a publié dans la foulée un communiqué déclarant que « les règles du marché ne seraient pas modifiées sans une large consultation des membres ». Entre-temps, un cataclysme a eu lieu lors de l'expiration du contrat pour livraison le 15 juillet. L'échéance a en effet expiré à 280 livres de plus que celle de septembre, alors que la quasi-totalité de l'offre se retrouvait aux mains d'un seul intervenant, le fonds Armajaro, qui vient d'en prendre livraison. Soit 240.100 tonnes, dont 50.000 tonnes de fèves de grande qualité originaire du Ghana, sur les 246,810 tonnes entreposées dans les stocks officiels de la place de marché. Un pari accumulé sur plusieurs mois : en février dernier, Anthony Ward, le patron d'Armajaro estimait que la tonne de cacao allait monter vers les 3.000 livres sterling. Diversifié sur d'autres actifs, Armajaro est un fonds avant tout spécialiste de la filière cacao dans laquelle il est aussi investi sur le terrain.Mais pour les industriels ce pari haussier est un «corner», qui plus est facilité par le laxisme de la place de marché où les règles sont plus souples que celles de son concurrent américain, l'Intercontinental Exchange. Aucune limite de positions n'est imposée par le Nyse Liffe, qui ne publie pas non plus le détail des positions détenues par intervenants industriels et financiers, comme peut le faire la CFTC outre-atlantique. L'organisation internationale du cacao, l'ICCO, a pris fait et cause pour les plaignants en déclarant hier qu'il allait étudier la transparence du marché américain, puisque le marché londonien en manque selon le directeur de l'organisation, Jan Vingerhoets.Une position qui ne fait pas l'unanimité. Chez ABN Amro, Eric Sivry, responsable du marché du cacao, la juge minoritaire. «Beaucoup de processeurs avaient pris des positions vendeuses sur juillet, mais n'ont pas pu livrer parce qu'ils détenaient en face du beurre de cacao, et non des fèves. Ils ont donc dû rouler leur position et acheter le contrat suivant en subissant une perte de 280 livres, ce qui explique leur malaise», avance le trader. Selon lui, un durcissement des règles pénaliserait la liquidité qui attire justement les acteurs sur le marché londonien.
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