L'éditorial de Valérie Segond

Partout dans le monde, les hiérarchies intermédiaires ont le moral dans les chaussettes. Une étude du Boston Consulting Group le confirme encore. Cela ne date pas d'hier, mais le caractère aigu de la dépression mérite que l'on s'y arrête. Car pendant que les dirigeants s'arrachent à prix d'or, les sous-chefs se sentent délaissés, démunis de leur pouvoir de décision et sapés dans leur autorité, sans savoir très bien sur quoi elle devrait reposer. Hier détenteurs de la technique et de l'autorité, ils ont été privés de ces leviers par les systèmes d'information, et ont perdu leur sentiment d'appartenance à une direction aux yeux rivés sur les ratios financiers et les dangers de la planète. Or, il y a plusieurs manières de lire le blues du sous-chef. On peut y voir, comme le sociologue François Dupuy auteur d'un « Lost in management » à venir, la disparition des bureaucraties hypertrophiées nées dans les Trente Glorieuses, celles qui ont multiplié les règles et process pour contrôler les travailleurs de terrain. On assisterait donc à la grande mue du management vers plus de simplicité, vers l'émergence du cadre expert, remplaçant avantageusement le sinistre adjudant. Mais dans nos pays à croissance faible, ce phénomène a une traduction sociétale plus inquiétante. Avec des salaires cadenassés qui excluent les classes moyennes du marché de l'immobilier, la panne de l'ascenseur social nourrit un sentiment de déclassement. Or, l'histoire a montré que lorsque les classes moyennes se sentent à la dérive, émergent un fort repli sur soi comme un affaiblissement des économies. Un tout petit moral en somme, qui n'est pas idéal pour une sortie rapide de la crise. [email protected]
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