EDF s'inquiète du coût du futur stockage des déchets radioactifs

Tout un symbole. Henri Proglio doit se rendre le 30 septembre à Bure, dans la Meuse, sur le site où l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) compte enfouir, pour au moins cent ans, les déchets nucléaires très hautement radioactifs, à 500 mètres de profondeur. Officiellement, le PDG d'EDF vient inaugurer un centre d'archives, contribution de l'électricien public au développement économique de cette commune. NervositéMais cette visite intervient au moment où l'énorme chantier du stockage souterrain, estimé à au moins 15 milliards d'euros, doit être lancé. EDF, qui doit assumer 80 % de la facture, aux côtés des autres producteurs de déchets, le CEA (15 %) et Areva (5 %), est désireux d'y être associé au plus près. La nervosité monte chez EDF depuis que la fixation du budget de recherche de Bure (entre 50 et 60 millions d'euros par an) lui a formellement échappé, en début d'année. Désormais, c'est le ministère de l'Énergie qui se prononce et paie au moyen d'une taxe additionnelle prélevée sur toutes les « installations nucléaires de base ». « Les producteurs perdent leur contrôle sur le budget au moment crucial où le futur stockage entre en phase de préparation industrielle, en commençant par le chiffrage de son coût », explique une source proche de l'électricien. Surtout que l'ardoise finale, qui doit être arrêtée d'ici à 2012, sera très certainement supérieure aux 15 milliards d'euros (répartis à 40 % pour les investissements, 40 % pour l'exploitation pendant cent ans et 20 % pour les taxes, impôts, assurances) estimés en 2005 sur la base des options techniques retenues en 2002. Depuis, il a été décidé à l'issue du débat public que le stockage pourrait être réversible, une option extrêmement coûteuse.Dans les coulisses, EDF s'inquiète en outre de la capacité de l'Andra, organisme de recherche, à mener un tel projet. François Roussely, dans son rapport rendu public fin juillet, demande d'ailleurs à l'Andra d'« associer d'urgence EDF, Areva et le CEA à la définition optimisée du centre de stockage et à sa réalisation ». « Il est normal que les producteurs se préoccupent aujourd'hui de la façon dont nous allons travailler », déclare François-Michel Gonnot, président de l'Andra. « Nous mettons actuellement en place des groupes de travail afin de les associer à tous les niveaux de nos travaux. » Cela sera-t-il suffisant pour calmer les appréhensions d'EDF ? L'électricien se verrait bien jouer un rôle d'assistant à maître d'ouvrage ou de maître d'oeuvre de ce vaste chantier. « Nous sommes en train de définir ce que nous allons déléguer », précise le député de l'Oise. L'Andra devra de toute façon lancer un appel d'offres.
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