Réforme des retraites : addition salée pour l'Unédic

Les services de l'Unédic ont du mettre les bouchées doubles. Après que François Fillon a indiqué le 16 septembre sur le plateau de France 2 que les « partenaires sociaux qui gèrent l'assurance chômage vont devoir intégrer la réforme des retraites » dans la prochaine convention de l'assurance chômage, ils se sont empressés de boucler la note qui leur avait été commandée voilà quelques semaines par le bureau de l'Unédic. Très attendue, cette étude d'impact de la réforme des retraites sur les comptes de l'Unédic que la Tribune s'est procurée met en évidence l'importance pour la France de doper l'emploi des seniors. Cela éviterait que la réforme des retraites et ses mesures phares -le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans et de celui auquel il est possible de partir en retraite à taux plein à 67 ans même sans avoir tous ses trimestres- ne se traduisent à terme par un transfert des prises en charge de l'assurance chômage vers d'autre systèmes moins avantageux.Concernant le taux d'emploi à 60 ans, deux scénarios ont été testés pour la période 2010-2018 : l'un à taux d'emploi inchangé ; l'autre tenant compte d'une augmentation du taux d'emploi d'un point. Dans le premier cas, la facture pourrait vite grimper et atteindre près d'un demi-milliard d'euros selon les calculs des experts de l'Unedic, à l'horizon 2018. Selon ce scénario le plus pessimiste, l'impact net (dépenses d'allocations supplémentaires moins recettes de contributions supplémentaires) pour l'Unédic s'élèvera à 230  millions d'euros en 2015, 480 millions d'euros en 2016 avant de se « stabiliser » à 530 millions d'euros à partir de 2017.Dans ce scénario, le surcoût financier de la réforme des retraites sur les allocations chômage est nul pour l'Unédic jusqu'en 2014. Il est estimé à 1,44 milliard d'euros sur la période 2015-2017 et à 730 millions d'euros par an à partir de 2018. Le recul de l'âge de la retraite représentera certes une recette supplémentaire en termes de cotisations pour les salariés concernés, à partir du moment où l'âge de départ en retraite sera supérieur à leur âge de départ moyen actuel, c'est-à-dire 61,7 ans. Là encore, indique l'Unedic, l'effet ne sera pas immédiat sur les cotisations. Conséquence: l'Unedic ne pourra compter sur des contributions supplémentaires qu'à partir de 2017. Pour les comptes de l'assurance chômage, la recette est estimée à quelque 200 millions d'euros par an.Le deuxième scénario exploré par les auteurs de la note de l'Unedic table sur un relèvement du taux d'emploi à 60 ans de un point entre 2010 et 2018 et se révèle légèrement moins coûteux. À partir de 2018, ce relèvement du taux d'emploi se traduirait (en année pleine) sur les comptes de l'Unedic par un coût moindre, évalué à 440 millions d'euros au lieu des 530 millions du scénario précédent). Pour bâtir cette étude, les économistes de l'Unedic ont travaillé à réglementation de l'assurance chômage constante et ont tablé sur le maintien de l'âge de départ en retraite des chômeurs indemnisés à 61 ans en moyenne ainsi que sur le maintien de l'âge de départ en retraite des actifs à 61,7 ans en moyenne.Ces deux scénarios seront bien sûr scrutés de près par les futurs négociateurs syndicaux et patronaux de la prochaine convention d'assurance chômage. L'actuelle convention - qui avait été signée pour deux ans - expire le 30 mars 2011. Mais elle peut être prolongée, si le nouveau round des négociations qui devrait démarrer au début du mois de novembre n'aboutit pas à un accord. De par ses conclusions, cette étude a toutes les chances d'apporter du grain à moudre aux syndicats, qui continuent de combattre cette réforme et ont appelé à une nouvelle mobilisation le 2 octobre. Lundi, l'Unef, première organisation étudiante, a elle aussi appelé les étudiants à participer aux prochaines manifestations.
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