Les SSII indiennes sont en quête d'emplettes

Les sociétés indiennes de services et d'ingénierie informatiques (SSII) ont de l'appétit. « Nous attendons de nombreuses fusions et acquisitions dans le secteur indien de l'informatique, au cours des prochains mois, qu'il s'agisse d'opérations entre des SSII indiennes ou du rachat, par ces dernières, de concurrents étrangers », indiquait récemment le cabinet d'études Deloitte. À l'origine de ces velléités d'acquisitions : la nécessité, pour les SSII indiennes, de diversifier la source de leurs revenus, les États-Unis représentant encore 60 % de leur chiffre d'affaires global, en moyenne, contre 20 % seulement pour l'Europe. Or l'économie des États-Unis est loin de s'être remise de la récession de 2009, ce qui laisse planer des incertitudes sur les dépenses informatiques des entreprises américaines. D'autant plus qu'au pays de l'Oncle Sam, des voix, comme celle du gouverneur de l'Ohio, commencent à s'élever contre l'offshore [délocalisation des systèmes d'information ; Ndlr]. Le président Barack Obama lui-même est déterminé à limiter l'optimisation fiscale liée à l'offshore. « Compte tenu du taux de chômage actuellement élevé et de la popularité croissante des discours protectionnistes aux États-Unis, la menace est réelle », estime le bureau d'analyses financières IIFL Research.Petites sociétés innovantesDans ces conditions, nombre de SSII indiennes cherchent des relais de croissance en Europe Continentale. Vineet Nayar, président de HCL - la cinquième SSII indienne, qui réalise 55 % de son chiffre d'affaires aux États-Unis -, cible tout particulièrement la France et l'Allemagne. Dans un premier temps, les proies idéales seront « de petites sociétés, réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de dollars, et dotées d'une forte capacité d'innovation. Il ne s'agit pas pour nous de gagner des parts de marché, nous n'en avons pas besoin compte tenu d'un chiffre d'affaires en hausse de 18,6 % au cours de l'exercice 2009-2010, mais d'acquérir des compétences très particulières », précise Vineet Nayar. Dans un deuxième temps, HCL - dont les 533,8 millions de dollars de dette nette n'excèdent pas 45 % des capitaux propres - n'hésitera pas à jeter son dévolu sur de plus grandes cibles », « une fois que nous aurons bien compris la culture française du travail », précise Vineet Nayar. De quoi, peut-être, voir resurgir des rumeurs de rachat d'Atos Origin ou de Capgemini par une SSII indienne, comme cela avait été le cas il y a trois ans. Et quid d'acquisitions en Inde, où certaines petites SSII souffrent déjà de leur dépendance excessive aux États-Unis? « Lorsque ces sociétés sont en difficulté, leurs salariés viennent spontanément nous voir pour être embauchés. Je n'ai donc pas besoin d'acheter des SSII indiennes », sourit Vineet Nayar. Christine Lejoux
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