L'immobilier et la prochaine bulle

Reprise ou pas reprise ? La question hante tous les conjoncturistes, déboussolés par une myriade d'indicateurs contradictoires. L'immobilier n'échappe pas à la règle. Hier, les promoteurs français étaient à la fête. Après avoir vu chuter de 45 % les ventes de logements neufs en 2008, les acheteurs commençaient enfin à revenir sur le marché, dopés par le doublement du prêt à taux zéro et le dispositif fiscal Scellier. Une inversion de tendance inédite depuis le début de la crise en 2007. Aujourd'hui, c'est la douche froide : les mises en chantier se sont effondrées de 36 % au troisième trimestre et le seuil des 300.0000 mises en chantier devrait être péniblement atteint sur l'année 2009. Le pire chiffre depuis 1998. Et encore, ce sont les HLM qui ont sauvé de la déroute le secteur en assurant, à eux seuls, près du tiers des mises en chantier. Les plus optimistes verront dans le ralentissement de la baisse des permis de construire une petite lueur de reprise pour 2010. Mais les chiffres sont têtus : les mises en chantier sont des programmes à horizon deux à trois ans et, par nature, un indicateur de confiance de la profession. Les promoteurs, passé l'euphorie un peu surjouée du « marché du neuf qui s'arrête de chuter », voient désespérément l'avenir en noir. Lorsqu'on évoque la « resolvabilisation » des ménages grâce à des taux attractifs et à la baisse des prix, les professionnels redoutent la montée du chômage. Et quand on parle d'efficacité des plans de soutien du gouvernement, ils anticipent déjà la fin programmée des aides sous prétexte de « verdissement ». Le Grenelle de l'environnement est parfois utile pour justifier le durcissement des conditions d'éligibilité aux incitations fiscales. Bref, pour les promoteurs, la messe est dite, le secteur est en crise pour au moins deux ans. Et dans ces conditions, pas question d'investir, de prendre le moindre risque. Pourtant, ils savent bien que la crise aujourd'hui annonce déjà la bulle de demain. Les 300.000 mises en chantier de cette année apparaissent en effet bien loin de l'objectif des 500.000 logements neufs par an jugés nécessaires pour endiguer la pénurie structurelle de logements en France. Chacun fait donc le gros dos, licencie à tour de bras, casse un outil industriel et attend une reprise qui sera forcément brutale. Une fois de plus, le secteur montre son incapacité à s'organiser face aux cycles, à assurer une meilleure flexibilité et fluidité du marché. Mais à quoi bon, le logement social sera toujours là pour jouer le rôle d'amortisseur é[email protected]éric Benhamou
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