Le président redécouvre le monde paysan

Le monde agricole français connaît sa plus grave crise depuis trente ans. Les producteurs ont été confrontés en 2008 à une chute de 20?% de leurs revenus et s'attendent à une baisse similaire en 2009.Ces dernières semaines, les agriculteurs ont multiplié les manifestations de colère. Le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Jean-Michel Lemétayer, a souligné que les paysans attendaient « un effort très important de l'État ».Nicolas Sarkozy est allé à leur rencontre hier à Poligny, dans le Jura, pour annoncer un plan « sans précédent » de 650 millions d'euros d'aide (dont 120?millions déjà inscrits au budget 2010 au titre du remboursement de la taxe carbone) et de 1 milliard d'euros de prêts bonifiés (taux réduits). Il a précisé que le plan serait « engagé intégralement avant la fin 2009 ».Le chef de l'État a précisé que le taux d'intérêt réel des prêts serait réduit à «?1,5?%, voire 1?% pour les jeunes agriculteurs?». Il s'agit, a-t-il dit, de permettre à chaque agriculteur en difficulté à la fois d'assainir sa situation de trésorerie et d'investir pour la prochaine campagne.Nicolas Sarkozy a précisé que cette crise, qui «?impacte le premier secteur?» d'activité du pays, «?avec un chiffre d'affaires de 163 milliards d'euros?», touche «?1,6 million d'actifs, 3,6 millions de retraités?». Pour lui, la crise «?révèle un défaut de régulation européenne et mondiale et une défaillance nationale réelle dans la répartition de la valeur au sein des filières agricoles?».Le chef de l'État juge ainsi «?inacceptable?» l'écart entre la baisse des prix payés aux producteurs (??20?% entre septembre 2008 et septembre 2009) et la baisse des prix à la consommation des produits alimentaires (??1?%). Il a souhaité une initiative de la Commission européenne pour garantir «?une véritable régulation?» du prix des matières premières agricoles.«?limiter la spéculation?»Nicolas Sarkozy a demandé que la Commission fasse en sorte de «?limiter la spéculation croissante et d'encadrer les produits financiers dérivés sur ces marchés?». «?La France ne transigera pas avec cet impératif?», a-t-il insisté.Le chef de l'État a tenté de rassurer les producteurs de lait, particulièrement touchés par la crise. Il demandera lors du Conseil européen du 30 octobre que la Commission propose «?dès le début 2010 un renforcement des outils de régulation du marché laitier?».Parmi les mesures contenues dans le plan de soutien exceptionnel, il a cité l'exonération de «?la totalité des charges patronales dues à la Mutualité sociale agricole pour les travailleurs saisonniers?», afin de réduire l'écart du coût de la main-d'?uvre avec les autres pays d'Europe. Il a évoqué aussi une enveloppe de 200 millions d'euros pour alléger les charges d'intérêt d'emprunt de 2009 et 2010 dues par certains agriculteurs en difficulté. Cette enveloppe, a-t-il dit, est également destinée à «?accompagner les restructurations des exploitations?». Il a enfin prôné un «?regroupement des producteurs?» afin qu'ils puissent davantage peser face aux circuits de commercialisation.Jean-Michel Lemétayer a estimé que le plan «?va dans le bon sens?», soulignant toutefois que sa «?véritable efficacité sera mesurée sur le plan européen ». n (avec AFP)
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