Pour la première fois depuis 1991, le crédit recule en zone euro

La crise du crédit n'est pas terminée. Les chiffres publiés hier par la Banque centrale européenne (BCE) montrent que pour la première fois depuis que ces statistiques existent (1991), les prêts consentis aux ménages et aux entreprises de la zone euro sont en recul sur un an : de septembre 2008 à septembre 2009, les crédits au secteur privé ont baissé de 0,3?%. Une contraction qui inquiète les économistes. Alors que les premiers signes d'embellie économique sont là, certains craignent que l'insuffisance de crédit ne retarde, voire n'étouffe la reprise.En fait, la baisse de cet encours est inédite mais pas surprenante : la production de nouveaux crédits recule en effet depuis des mois. « Le repli en rythme annuel est un indicateur qui a du retard sur la tendance véritable », commente un spécialiste. Or ces derniers temps, les prêts aux particuliers se redressent nettement. En septembre, leur hausse (+ 14 milliards d'euros) a plus que compensé la chute du crédit aux entreprises. Pour les ménages, il s'agit du cinquième mois de hausse d'affilée. En revanche, « le ralentissement des prêts aux entreprises non financières pourrait se poursuivre jusqu'au milieu de l'année prochaine », estiment les économistes d'UniCredit. Selon eux, « le retournement du cycle du crédit n'est pas pour demain ».Une analyse plus fine permet de constater que « la France est moins touchée par la contraction du crédit que l'Allemagne ou l'Espagne par l'exemple, car le système bancaire y a été beaucoup moins fragilisé par la crise », relativise Cyril Blesson, directeur de la recherche économique chez Seeds Finance. Il s'attend à une reprise du crédit « dans un ou deux trimestres ». En France, la croissance (annuelle) des crédits au secteur privé est tombée à zéro en septembre. Elle est même passée en territoire négatif pour les sociétés non financières (? 0,5 % en rythme annuel à fin septembre). En revanche, la progression des crédits aux ménages est encore de 3,5 %.capacités inutiliséesCôté demande de crédit, « les entreprises ont presque fini d'ajuster leurs stocks, mais dans la plupart des secteurs, elles ne sont pas encore prêtes à les augmenter. De plus, les capacités inutilisées sont encore abondantes. Ainsi, les besoins d'investissement restent faibles », expliquent les économistes d'Aurel BGC. Côté offre, « la demande la plus forte semble provenir des entreprises les moins solides », constatent-ils. Dès lors, compte tenu de l'incertitude sur les perspectives économiques, les banques hésitent à prêter aux acteurs les plus vulnérables.L'éternelle question, celle de savoir si ces évolutions résultent d'un comportement plus restrictif des banques ou de la faiblesse de la demande, est balayée par la Fédération bancaire française (FBF). Cette dernière évoque « une dynamique de crédits aux ménages en forte reprise » et une « évolution des crédits aux entreprises toujours marquée par la faiblesse de la demande ». « Les grandes entreprises ont amplifié leur recours au marché pour se financer, ce qui se traduit par un moindre recours au crédit bancaire », souligne par ailleurs la FBF. n« les entreprises ont presque fini d'ajuster leurs stocks, mais elles ne sont pas encore prêtes à les augmenter.
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