L'ombre des taux plane sur la Bourse

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. De part et d'autre de l'Atlantique, les taux des banques centrales n'ont jamais été aussi bas. 1?% pour la BCE et 0,25?% pour la Fed. Soit respectivement 3,75 et 6,25 points de moins que leurs plus-hauts de 2000. Contrairement à la précédente sortie de crise de 2003, cette configuration est a priori défavorable aux marchés actions.Car malgré la quinzaine de relèvements de taux effectués entre 2004 et 2006 aux États-Unis, la tendance de fond amorcée en 2000 demeurait baissière, ce qui avait à l'époque soutenu l'ascension des indices boursiers. Or, aujourd'hui, le loyer de l'argent ne peut a priori que s'apprécier. Surtout si l'on considère qu'une reprise économique pourrait s'accompagner d'une résurgence de l'inflation.six mois d'avanceToute la question est de savoir comment les autorités monétaires vont faire face à cette problématique. D'ores et déjà, certains experts s'interrogent. Selon l'économiste américain Andrew Smithers, l'indice S&P 500 pourrait être victime, dans les prochains mois, d'un durcissement de la politique monétaire américaine. De son côté, Jean-Luc Buchalet, président de Pythagore Investissement, table sur une remontée des taux à partir de l'été prochain. « La Fed commence généralement à relever ses taux à partir du moment où il y a des créations nettes d'emplois aux États-Unis, ce qui pourrait se produire dès le premier trimestre », souligne l'expert.Indiquant que le marché anticipe avec six mois d'avance un renchérissement du loyer de l'argent, il s'attend à une décélération du rally boursier entamé le 9 mars. Éric Turjeman, directeur des gestions actions de la Société Généralecute; Générale, ne partage pas cet avis. Pour lui, la menace inflationniste n'est pas à l'ordre du jour. Il faudrait pour cela « une hausse généralisée des salaires et des capacités de production qui tournent à plein régime ».Et François Chevallier, stratège chez Banque Leonardo, de renchérir : « Les risques inflationnistes n'ont jamais été aussi faibles. » Quand bien même la hausse des prix serait de retour, le spécialiste estime que les grands argentiers ne risqueront pas de reproduire les erreurs de 1994. À l'époque, la Fed avait tué dans l'?uf la reprise économique et boursière en utilisant trop rapidement l'arme des taux. Pour Vincent Juvyns, stratège chez ING, l'actuelle faiblesse des taux permet, en outre, aux entreprises ayant accès au crédit, de se financer à moindre coût. Par ailleurs, l'expert considère que, le cas échéant, les indices boursiers pourraient absorber sans difficulté un éventuel relèvement des taux. Selon lui, une telle initiative serait perçue par les investisseurs comme le signe d'une réelle relance de la conjoncture.Le tout sachant que l'ampleur du durcissement monétaire serait vraisemblablement modérée. Si, comme le pensent certains observateurs, la Fed rehausse ses taux par tranche d'un quart de point, il faudrait une bonne dizaine d'interventions pour retrouver un niveau de milieu de cycle de 3 %. D'ici là, la Bourse aura, peut-être, eu le temps de s'y préparer. nLa question est de savoir comment les autorités monétaires vont faire face à une hausse des taux.
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