En Inde, la sortie du plan anticrise s'amorce

La Reserve Bank of India (RBI) a sifflé la fin de la récréation hier en annonçant des mesures de resserrement monétaire. L'institut d'émission a certes maintenu ses taux d'intérêt à 4,75 %, soit leur niveau atteint voici six mois au plus fort de la crise. Un statu quo qui résulte des médiocres perspectives de croissance?: 6 % prévus par la RBI pour l'année fiscale à fin mars 2010, bien loin des 9 % et plus observés avant la crise mondiale. petit gesteEn revanche, la banque centrale a relevé le ratio de réserves obligatoires des banques commerciales, qui devront maintenant placer 25 % de leurs dépôts en emprunts d'État, contre 24 % jusqu'ici. « Jusqu'à 27,6 %, la liquidité du système bancaire ne risque pas d'être affectée », estime la RBI. Elle a également remis en cause certains assouplissements exceptionnels décidés pendant la crise?: depuis septembre 2008, pas moins de 130 milliards de dollars de liquidités ont été injectés dans l'économie en vue de la prémunir contre la crise. Soit environ l'équivalent de près de 9 % du PIB indien. Selon le gouverneur de la banque centrale, Duvvuri Subbarao, si la croissance reste une priorité, « le drainage des liquidités est également devenu un enjeu central de notre politique ». Le message est donc clair?: le temps du laxisme est révolu et l'Inde prépare sa « stratégie de sortie » des mesures anti-crise. La raison?: les autorités s'inquiètent des tensions inflationnistes. L'indice des prix de gros, mesure principale de l'inflation en Inde, devrait passer à 6,5 % fin mars, contre 5 % attendus jusqu'ici. Quant aux prix à la consommation, affectés par la faiblesse de la mousson cette année, l'institut Icrier les estime sur une tendance de 12 % de hausse. Bref, les analystes s'accordaient hier à penser que la RBI pourrait relever ses taux à partir de début 2010. Même si certains n'excluent pas un petit geste de sa part dès la fin de cette année. « L'inflation revient mais je ne crois guère en un scénario d'hyperinflation », estime Ludovic Vauthier, gérant chez Edmond de Rothschild Asset Management, « nous devrions assister à une normalisation de la politique monétaire, les taux vont augmenter, mais graduellement, et pas dans l'amplitude de 2008. » À certaines conditions toutefois, notamment celle que « les pays développés ne croissent pas trop vite, ce qui générerait de l'inflation importée ». En attendant, les investisseurs ont profité hier du signal pour prendre une partie de leurs bénéfices. L'indice Sensex, déjà bien valorisé avec un gain annuel de plus de 70 % depuis janvier, a perdu 2,3 %. MB et P.d.J, à New Delh
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.