« Mon travail sur Maïakovski est une lutte contre les mensonges officiels »

Bengt Jangfeldt, auteur de « la Vie en jeu »C'est incontestablement l'oeuvre de sa vie. Et elle est magistralement réussie. Car le Suédois Bengt Jangfeldt parvient, avec sa biographie du poète russe Vladimir Maïakovski (1893-1930), à régénérer ce genre littéraire souvent endormi. Par sa manière de mener son récit, tout d'abord, tenant en haleine son lecteur. Mais l'auteur a également effectué un extraordinaire travail iconographique, jouant avec la photo et la typo comme le faisaient les artistes avant-gardistes de la révolution d'Octobre. Rencontre.Comment avez-vous « rencontré » Maïakovski ?Je suis un homme de 1968. À cette époque, tout le monde était un peu radical. J'ai donc commencé par lire ses poèmes. J'ai aussi traduit quelques lettres. En 1972, je suis allé frapper à la porte de Lili Brik et nous sommes devenus copains. En ayant accès aux gens qui l'avaient connu, j'ai pu avoir le sens de l'époque.Justement, l'histoire de Maïakovski est indissociable de celle de Lili Brik et d'Ossip Brik, le théoricien du futurisme...Oui. Mais même s'ils vivaient ensemble, ce n'était surtout pas un ménage à trois. Lili et Ossip étaient mariés quand ils l'ont rencontré en 1915. Leur union à tous les trois était d'abord esthétique, poétique et d'amitié. C'était aussi une expérience sociale. Une tentative de créer un nouveau type de famille. Il y avait un amour inégal entre Lili et Maïakovski. Elle l'aimait davantage comme poète.Qu'est-ce qui vous a le plus étonné au cours de vos recherches ?En URSS, Maïakovski n'était pas seulement un poète mais un monument. Grâce à ce travail j'ai découvert l'homme sous la masse idéologique imposée par les autorités et sa dimension lyrique. Dès mes premières rencontres avec Lili, j'ai compris qu'il y avait une autre histoire, beaucoup plus complexe à raconter. Mon travail a donc commencé comme une lutte contre les mensonges officiels, pour rétablir l'image vraie d'un poète.Comment avez-vous écrit ce livre ?Pour réussir une biographie, on ne peut pas se contenter de faits nouveaux à raconter. Il faut composer le livre. Faire comme si on était un détective. Finir un chapitre en apportant un fait nouveau pour donner au lecteur l'envie de lire le chapitre suivant. Sinon, c'est impossible de tenir sur 600 pages.Propos recueillis par Y. Y. « La Vie en jeu », Albin Michel, 592 pages, 25 euros.
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