Un Micmac plein

On lui a proposé de tourner le cinquième épisode des aventures de Harry Potter. Offert 85 millions de dollars pour adapter sur grand écran l'histoire d'un petit Indien et d'un tigre narrée par Yann Martel dans « la Vie de Pi ». Au lieu de cela, Jean-Pierre Jeunet a choisi de rester à Paris. Et de retrouver l'univers unique de « Delicatessen » ou du « Fabuleux Destin d'Amélie Poulain », qu'il continue de polir aujourd'hui dans son nouveau film « Micmacs à tire-larigot ». Une ?uvre drôle, captivante, pleine de trouvailles, conçue comme un hommage au 7e art. Cette fois-ci, le personnage de Bazil (formidable Dany Boon) mène la danse. Notre homme a vu ses parents sauter sur une mine alors qu'il était encore enfant. Quelques années plus tard, il est lui-même victime d'une balle perdue et doit vivre avec l'engin ? prêt à exploser à tout moment ? dans son cerveau. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le voilà chômeur et à la rue. C'était sans compter le soutien d'une joyeuse bande de ferrailleurs qui l'aide à se venger des marchands d'armes à l'origine de son malheur. Il y a dans le cinéma de Jean-Pierre Jeunet quelque chose d'enivrant. À commencer par cette extraordinaire capacité à se renouveler tout en gardant ce style si particulier. D'autant que Jeunet est l'un des rares réalisateurs français à autant privilégier la forme que le fond. On retrouve ici la même lumière chaude que celle de ses précédents films. Des décors et des accessoires qui sont de véritables ?uvres d'art quand l'occupation de l'espace tient de la chorégraphie. Et que dire des personnages. Les ferrailleurs aux noms évocateurs ressemblent aux sept nains de « Blanche-Neige », la taille en plus. Il y a là Placard (Jean-Pierre Marielle), Tambouille (Yolande Moreau), Fracasse (Dominique Pinon) ou Remington (Omar Sy). Et puis Bazil bien sûr, exceptionnel Dany Boon qui ressemble tant dans certaines scènes à Chaplin. Car « Micmacs à tire-larigot » est aussi une magnifique ode au 7e art. Au Paris chanté par Prévert et filmé par Carné. Aux films de série B mal doublés, au grand cinéma français des années 1970 dont Jean-Pierre Marielle fut l'un des représentants. Et tout cela est dit, fait, raconté, bricolé de manière artisanale ou à coups d'effets spéciaux avec une générosité sans égal. nciném
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