« L'art de la prudence »

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié mardi ses prévisions de croissance. Pour la France, qui n\'est pas le seul pays dans ce cas, elles les a révisées à la baisse : désormais, après + 0,2% en 2012, l’activité devrait progresser de + 0,3% en 2013. Le gouvernement, lui, maintient officiellement + 0,8%. Pêcherait-il par une « exubérance irrationnelle » imprudente?On ne sait si c’est pour éviter de peiner un gouvernement en plein effort, mais la note des experts de l’organisation qui accompagne la prévision intrigue, quant à elle, par sa prudence. Prudence des plus mesurées. Car si l’organisation internationale encourage dans un premier temps le gouvernement à « lancer une stratégie globale à moyen terme d’assainissement des finances publiques, de réduction des dépenses et de réformes structurelles », qui permettra – selon la formule désormais consacrée – de « stimuler la confiance et améliorer la compétitivité et la croissance », cet encouragement ne vaut qu’à partir de 2014. Alors seulement, « il conviendra de contenir (on ne dit plus les baisser, mais simplement qu’elles n’augmentent plus, notez-le bien) les dépenses publiques afin de faciliter la baisse des impôts nécessaires au rétablissement de la compétitivité… »Sauf miracleEt entre-temps ? Et bien les dépenses publiques devront augmenter en 2013, car, recommande l’OCDE, « les stabilisateurs automatiques doivent pouvoir jouer pleinement si la croissance se révèle inférieure à l’hypothèse retenue dans le budget », ce qui, sauf miracle, devrait être le cas. D’ores et déjà, l’organisation prend pour hypothèse que le chômage en France pourrait grimper à 11,25% l’année prochaine. Une aggravation qui mécaniquement pèse sur les comptes sociaux.Si on récapitule, l’année 2013 s’annonce mauvaise pour l’économie française, avec une croissance faible, des dépenses publiques en hausse, et un chômage à plus de 11%. En revanche, 2014 devrait voir le PIB augmenter de 1,3%, les impôts baisser et les dépenses se stabiliser. Comment ? On ne sait pas. 2014 c’est loin…Surtout,  en renvoyant à 2014 la fin des mauvais jours, l’OCDE évite soigneusement les sujets qui fâchent comme par exemple l’objectif de ramener le déficit public sous les 3% du PIB l\'année prochaine, comme l’exige le pacte de stabilité. Un objectif qui paraît pourtant - et depuis longtemps – bien hardi.A propos d’Europe, les pays de la zone euro ont trouvé un accord pour débloquer l’aide à la Grèce. Un accord qui va permettre de réduire le poids de la dette grecque afin de pouvoir, dans les prochaines années, renouer avec la croissance et revenir le plus tôt possible sur les marchés financiers.On peut rêverLe FMI exigeait l’assurance d’être remboursée, et l’Allemagne de ne pas faire payer son contribuable, qui à une idée plutôt restrictive de la solidarité européenne.D’ores et déjà, l’objectif de ramener à 120% du PIB la dette en 2020 a dû être révisée à 124% du PIB. Le FMI en revanche exige qu’en 2022 elle soit sous les 110%. Ces prévisions ne sont pas forcément prudentes, mais 2022, c’est loin. On peut rêver. L’urgence, c’était que la Grèce obtienne l’aide avant de devoir se résoudre à faire défaut. Aussi, grâce à cet accord « de la dernière chance », chaque membre de la zone euro, le FMI et la BCE peuvent trouver un motif de se réjouir et de se féliciter. Restons toutefois prudents. Athènes reviendra frapper à la porte européenne dès le prochain trimestre pour obtenir sa nouvelle tranche. 2013, c’est demain.
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