La montée du chômage accroît les risques sur le crédit immobilier

Le crédit immobilier est considéré d'ordinaire comme un produit peu risqué. L'explosion du chômage pourrait modifier la donne. Michel Mouillart, professeur à Paris X Nanterre et spécialiste du marché du logement, a sonné l'alerte hier, dans le cadre d'une conférence de l'Association pour la promotion et l'étude du logement des salariés (Apels). Depuis le 1er janvier 2003, 5.080.000 ménages ont contracté un emprunt immobilier, dont 1.570.000 se sont endettés sur vingt ans avec un apport personnel inférieur à 20 %. Qui plus est, de 2003 à 2008, des ménages de plus en plus modestes ont accédé à la propriété, en raison notamment de la réforme du prêt à taux zéro (PTZ) en janvier 2005 et de la mise en place du crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt en mai 2007. « Parmi les accédants ayant eu recours à un PTZ ou à un prêt d'accession sociale (25,5 % des générations 2003 à 2008), 46,5 % sont endettés sur plus de vingt ans avec des taux d'apport personnel inférieurs à 10 % », calcule Michel Mouillart. « C'est une question de grande ampleur et il faut agir vite », a-t-il ajouté.dispositifs d'urgencePrécisément, sur les 2 millions de ménages qui seront, à l'horizon 2010, touchés directement par le chômage ou indirectement par ses effets collatéraux (pertes de primes, baisse de salaires, etc.), on peut estimer, selon une enquête menée par l'institut CSA, qu'un quart d'entre eux sont détenteurs d'un prêt immobilier. « Sur ces 500.000 ménages, 150.000 vont devoir abandonner leur projet d'accession parmi lesquels 75.000 revendront à perte, martèle Michel Mouillart. Ces derniers vont donc tout perdre?: leur emploi, leur propriété et une partie de leur épargne. Par ailleurs, 1 million d'emprunteurs récents sont susceptibles, prévient-il, compte tenu du retournement du marché immobilier, de connaître des difficultés sérieuses s'ils doivent revendre leur bien parce qu'ils divorcent ou sont mutés. »C'est pourquoi il préconise la mise en place à titre exceptionnel d'un fonds de soutien afin de permettre aux milliers de ménages modestes de réaménager sans pénalité et sans coût leurs échéances de remboursement, ainsi que la généralisation de l'assurance perte d'emploi, qui couvre les mensualités d'un crédit immobilier en cas de chômage ? seuls 10,9 % des accédants à la propriété souscrivent une assurance de ce type. Il suggère aussi la mise en place d'un système de portage pour les ménages trop serrés financièrement pour pouvoir leur permettre de passer la crise sans revendre leur bien. Autant de dispositifs d'urgence qui rendent l'idée d'une « garantie des risques accession », préconisée en mai dernier sous la houlette du président du Conseil national de l'habitat, Michel Piron, plus que jamais judicieuse. Sophie Sanchez
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