Maxim Leo a vécu en direct l''écroulement du mur de Berlin en 1989. Il avait 20 ans. Lors des commémorations de 2009, ce journaliste allemand du « Berliner Zeitung » a livré un témoignage riche et émouvant qui est paru récemment en français. « Histoire d'un Allemand de l'Est » est une autobiographie familiale qui lève le voile sur l'histoire tourmentée de l'Allemagne au XXe siècle. Un texte bouleversant dans lequel l'auteur s'est transformé en limier pour éclaircir les nombreuses zones d'ombre de son passé familial et semble donner au lecteur la primeur de ses découvertes. Leo mêle ses souvenirs personnels à des éléments biographiques qu'il recueille auprès de ses parents mais aussi dans les archives de la Stasi.Il est vrai que la famille de Maxim Leo a de quoi donner le vertige : son père est un peintre alternatif très critique envers le régime alors que sa mère, née à l'Ouest, est une intellectuelle supportrice du régime de Berlin-Est. Avec, au centre de ce tourbillon, les deux grands-pères que tout oppose. L'un, Gerhard, militant juif antifasciste et héros de la Résistance en France. L'autre, Werner, soutien passif d'Hitler comme des millions d'Allemands. Ces deux hommes vont se retrouver dans le pacte fondateur de la RDA. « Je crois que pour mes deux grands-parents, la RDA était comme une sorte de pays idyllique où ils ont pu oublier tout ce qui les avait accablés jusque-là [...]. Toutes les blessures, toutes les erreurs étaient effacées et pardonnées lorsqu'on était prêt à devenir un rouage de cette nouvelle société. [...]Ainsi s'explique la fidélité enthousiaste avec laquelle Gerhard et Werner sont estés liés à ce pays jusqu'à sa triste fin. Ils n'ont jamais pu voir le grand mensonge qu'était ce grand rêve parce que leurs propres mensonges existentiels auraient alors été révélés », explique Maxim Leo. Ce récit très personnel permet ainsi de mieux comprendre la réalité d'un régime ubuesque et l'aveuglement de ses élites qui lui permit de durer si longtemps. Laurent Pericone « Histoire d'un Allemand de l'Est », de Maxim Leo, Actes Sud, 306 pages, 22,80 euros.

latribune.fr

28 Déc 2010, 15:33

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