Sur fond de chômage en hausse, Hollande veut mener "la bataille pour l'emploi". Austerlitz ou Waterloo ?

Et de dix-neuf! Sans surprise, hélas, pour le dix-neuvième mois consécutif, le nombre des demandeurs d\'emploi a progressé en France. Déprimant, même si la hausse de novembre est moins affirmée que celles des mois précédents. Dans ce contexte, on comprend d\'autant mieux pourquoi, lors d\'un déplacement matinal ce 27 décembre sur le marché de Rungis, le président de la République à tenu à préciser que 2013 «serait l\'année de la grande bataille pour l\'emploi».Bataille pour l\'emploi: Austerlitz ou Waterloo? Espérons simplement qu\'à la fin de l\'année prochaine, il s\'agira davantage du soleil d\'Austerlitz que de la morne plaine de Waterloo! En attendant le sort des armes, fin novembre, selon les dernières statistiques du ministère du Travail publiées ce jeudi 27 décembre, il y avait 3.385.700 demandeurs d\'emplois inscrits en catégorie «A» (y compris Dom), soit une progression de 1% sur un mois et surtout de 10,5% sur un an. Pour la seule France métropolitaine, le nombre des demandeurs d\'emploi en catégorie «A» progresse de 29.300 sur un mois pour s\'établir à 3.132.600 (soit +0,9%) et de 10,8% sur un an. Si, cette fois, l\'on ajoute également les demandeurs d\'emploi qui ont exercé une activité réduite durant le mois, le nombre des chômeurs (y compris Dom) s\'élève à 4.904.900 (catégories «A, B et C», soit une hausse de 9,1% sur un an. Pour la seule France métropolitaine, le nombre d\'inscrits dans ces trois catégories atteint 4.617.400 (+0,7% sur un mois et +9,2% sur un an). Et avec la conjoncture morose, pas de miracle non plus s\'agissant de la durée du chômage. Le chômage de longue durée (plus d\'un an) concerne maintenant 1.797.900 personnes, soit une progression impressionnante de 12,1% en un an. A cet égard, l\'ancienneté moyenne des demandeurs d\'emploi inscrits en catégories A, B et C fin novembre 2012 est de 474 jours!L\'arme fatale, la croissance, manque pour la bataillePas de quoi pavoiser donc, même si la progression du chômage est moins forte ce mois-ci. De toute façon, le gouvernement et François Hollande continuent d\'affirmer qu\'il ne faut pas compter sur un retournement de tendance avant la fin 2013. En attendant, pour mener sa bataille pour l\'emploi, faute de croissance qui demeure malgré tout l\'arme fatale, le gouvernement Ayrault doit se résigner à utiliser d\'autres moyens moins puissants qui permettent de contenir l\'offensive. Et sur plusieurs fronts en plus... Ainsi, pour lutter contre le chômage des jeunes (en hausse de 9,1% sur un an), Michel Sapin, le ministre du Travail, n\'a pas eu de mal pour faire budgéter 490.000 contrats aidés pour 2013. Il y a aussi les 100.000 contrats d\'avenir (réservés au secteur non marchand) d\'une durée de trois ans en pleine phase de démarrage. Sans oublier, le contrat de génération (dans le secteur marchand). Voté, par le Parlement il y a une dizaine de jours, il va permettre dès 2013 d\'inciter les entreprises à recruter un jeune tout en gardant un senior (le chômage des plus de 50 ans a progressé de... 15,6% sur un an) dans son emploi. 300.000 contrats de ce type sont attendus sur la durée du quinquennat dans les entreprises de moins de 300 salariés. Sur le front central, ensuite, la bataille passe par le soutien à l\'économie, en attendant une (hypothétique) reprise dès 2014. Avec, en premier lieu, le pacte de compétitivité et son fameux crédit d\'impôt en faveur de la compétitivité et de l\'emploi (CICE), dont une première phase démarrera dès 2013. Un crédit d\'impôt qui sera d\'autant plus favorable pour les entreprises que leur masse salariale (pour les salaires inférieurs à 2,5 Smic) sera élevée.La quête du Graal: l\'accord réformant le marché du travailReste la réforme du marché du travail. Le gouvernement attend beaucoup des partenaires sociaux dans le cadre de la grande négociation qu\'ils ont engagé en octobre pour fluidifier les règles régissant l\'emploi. L\'idée est d\'échanger davantage de flexibilité pour les entreprises, notamment dans les règles régissant l\'embauche et les licenciements, contre une meilleure sécurisation des parcours professionnels, via des droits attachés à la personne et non plus au poste de travail. Pour l\'instant, la négociation patine. Patronat et syndicats se sont séparés le 21 décembre sans accord en vue. Ils doivent se revoir le 10 janvier. Pour Michel Sapin et François Hollande, cet accord tient de la quête du Graal, parlant d\'un «accord historique» à trouver. Certes mais, même en cas d\'accord en janvier, le processus va encore être bien long pour produire des effets concrets dès 2013. Le gouvernement compte surtout sur l\'effet psychologique qu\'une telle novation du droit du travail français produirait chez les investisseurs. Depuis le temps que des organismes comme l\'OCDE ou le FMI réclament une réforme structurelle de notre marché du travail... Tel Gerhard Schröder, lui aussi social -démocrate, en son temps en Allemagne, François Hollande pourra alors dire: «Je l\'ai fait». 
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