Les maillons faibles risquent de décrocher

A la mi-novembre, le ministre des Affaires étrangères portugais a lâché ce qu'aucun dirigeant d'un des pays en proie à la crise de la dette souveraine n'avait osé dire depuis des mois. « Le Portugal sera confronté à un scénario de sortie de la zone euro » si le pays ne parvient pas à venir à bout des défis économiques qui l'assiègent, déclarait Luis Amado. Jusqu'ici, l'exigence d'une sortie de la zone euro pour les « maillons faibles » de la région monétaire avait plutôt été le fait de quelques dirigeants de pays « vertueux » dans leurs finances publiques, notamment allemands. Une idée « absurde »Le 17 mars, en plein débat sur la crise grecque au Parlement allemand, la chancelière Angela Merkel avait ainsi indiqué, à la surprise générale, « qu' une exclusion de la zone euro doit être une conséquence possible pour les pays qui mettent en péril la stabilité de l'union monétaire ». Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, avait quant à lui immédiatement qualifié d'« absurde » cette idée : « Entrer dans la zone euro est une décision capitale. Ce n'est pas une adhésion à la carte. Il s'agit de partager un destin commun avec d'autres pays », précisait-t-il, au grand soulagement des responsables grecs.L'idée perdure toutefois. Nombreux sont ceux qui soulignent que la sortie de l'euro des fameux « Pigs » (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) permettrait à ces économies de pratiquer des dévaluations compétitives soutenant leurs exportations et donc relançant leur activité. Le hic est que la dette de ces pays, actuellement libellée en euros, n'en serait pas pour autant allégée, bien au contraire. Sans parler de leur capacité à se refinancer sur les marchés de capitaux à relativement bon prix, comme c'est le cas aujourd'hui grâce à la protection de l'euro dans son ensemble.De plus, une monnaie faible ne déboucherait pas automatiquement sur une amélioration du solde commercial des pays ayant quitté l'euro : face à une économie désormais mondialisée, des salaires portugais ou grecs dévalués resteraient probablement peu compétitifs face à la main-d'oeuvre chinoise ou indienne... F. P. W.
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