France 24 : l'impasse financière derrière la guerre des chefs

Hasard ou coïncidence ? Simultanément au déclenchement d'une guerre des chefs à France 24, d'importantes difficultés financières sont apparues dans la chaîne d'information internationale. Ces problèmes financiers expliqueraient ce duel au sommet, qui constituerait donc une diversion opportune, à en croire certains salariés. D'ailleurs, les seules critiques publiques d'Alain de Pouzilhac contre Christine Ockrent portent sur les finances. «Il y avait des dérives qu'il fallait corriger», a déclaré mi-novembre le PDG. Ses proches accusent Christine Ockrent d'avoir recruté 30 journalistes non prévus au budget pour les versions francophones et anglophones, soit un surcoût de 3,5 millions d'euros par an. Mais, sur les finances comme ailleurs, les deux dirigeants se renvoient la balle. L'entourage de Christine Ockrent dément avoir embauché ces 30 journalistes supplémentaires, dont elle a d'ailleurs demandé - en vain - la liste nominative. Selon son entourage, elle a au contraire réduit les coûts, notamment en réinternalisant la production de deux magazines qui étaient achetés « fort cher » à l'extérieur. Ses proches ajoutent que toutes les réunions budgétaires importantes se faisaient en présence d'Alain de Pouzilhac. Ils assurent que Christine Ockrent se préoccupait essentiellement du contenu, et n'a jamais été alertée sur des dérives par la direction financière de France 24.En fait, une des principales difficultés financières réside dans des recettes publicitaires inférieures aux prévisions. Première explication : l'externalisation avortée de la régie, chargée de vendre la publicité, début 2010. Initialement, cette régie devait être confiée à France Télévisions Publicité (FTP), qui se faisait fort de garantir des recettes minimales chaque année. Mais l'externalisation a pris du retard: d'abord prévue pour le 1er janvier, elle a été reportée au 1er avril. FTP a alors voulu revoir à la baisse le minimum garanti pour 2010, ce qu'Alain de Pouzilhac a refusé, mettant fin au projet. Pris en étauCôté France 24, on affirme que FTP a voulu abaisser ce minima de 3 à 2 millions. Côté FTP, on soutient que la différence était minime. Mais d'aucuns avancent une autre explication : au même moment, il avait été décidé de confier FTP au tandem Courbit-Publicis, rival historique d'Alain de Pouzilhac lorsqu'il dirigeait Havas. Mais de plus sérieuses difficultés financières restent à venir. Car l'Audiovisuel Extérieur de la France (AEF, holding qui regroupe France 24, RFI et TV5), est pris en étau. D'un côté, les prévisions de recettes publicitaires ont dû être revues à la baisse de près de moitié. De l'autre, l'Etat va réduire sa subvention de 34 millions d'euros d'ici 2013. Une réduction contre laquelle s'est battu depuis un an et demi le tandem Pouzilhac (président de l'AEF) - Ockrent (Directrice générale déléguée de l'AEF), présentant à l'Etat moult nouveaux projets à financer, et activant leurs réseaux politiques pour inverser les arbitrages. Mais en vain: la baisse de la subvention décidée l'été dernier est quasiment la même que celle envisagée un an plus tôt. Face à cette impasse financière, un nouveau plan de départs volontaires est à l'étude. Selon certaines sources, la direction de l'AEF travaille sur une hypothèse d'environ 80 départs, auxquels s'ajoutent les 69 candidats au départ déclarés à RFI. Interrogée, la direction dément, soulignant qu'on ne peut chiffrer à l'avance le nombre de volontaires.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.