Les banques européennes

Certains voudraient les vouer aux flammes de l'enfer, mais c'est au purgatoire que sont entrées les banques européennes en ce début 2010. Sauvées, l'an dernier, par l'intervention massive des gouvernements et des banques centrales, elles ont pu redresser leur solvabilité et leur rentabilité grâce à un coût de financement réduit, à une limitation de leurs pertes sur actifs de crédit et à des revenus dopés dans l'intermédiation et sur les marchés de dette. Malgré 171 milliards d'euros d'augmentations de capital, l'indice DJ Stoxx des banques a ainsi bondi de 47 % en 2009, du jamais-vu depuis 1997.Mais ces pécheresses doivent maintenant affronter les feux purificateurs. À commencer par la suppression des garanties publiques, alors que près de 2.000 milliards d'euros de dette bancaire arriveront à échéance d'ici fin 2012, selon une étude publiée hier par Groupama AM, qui voit émerger une « course aux dépôts » pour s'assurer un socle de liquidités. Elles souffriront aussi de la dégradation continue de leurs actifs de crédit. Les provisions pour créances douteuses, qui ont absorbé plus de 80 % des profits avant provisions en 2009, pourraient encore en siphonner les deux tiers en 2010, selon Barclays Capital. Il pourrait aussi y avoir de nouvelles pertes sur les fameux « actifs toxiques », comme l'a rappelé l'avertissement sur résultat publié mi-janvier par la Société Généralecute; Générale. Pour mémoire, la Banque centrale européenne estimait en décembre les pertes de crédit restant à essuyer à 187 milliards.À ces menaces immédiates s'ajoute le « tsunami réglementaire » qui se prépare. Le nouveau cadre prudentiel ? dit Bâle III ? pourrait ainsi, selon Credit Suisse, exiger 139 milliards de fonds propres supplémentaires d'ici fin 2012. Et malgré les appels à la coordination, le concours Lépine mondial n'est sans doute pas terminé, à l'image des propositions surprises dévoilées la semaine dernière par Barack Obama pour « limiter la taille et la prise de risque des banques ».réflexion stratégique« Dans cette marche vers un monde moins financiarisé, les banques continueront, en 2010, à réduire leur effet de levier et à renforcer leur solvabilité et leur liquidit頻, conclut Marie-Pierre Peillon, directrice de l'analyse financière et extra-financière de Groupama AM. « Elles devront aussi mener une réflexion stratégique en passant en revue le business model de toutes leurs activités à l'aune du nouvel environnement. » C'est sans doute le prix à payer pour prétendre au paradis des profits éternels.
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