Le dollar prend sa revanche sur l'euro

Le diagnostic plus optimiste de la Réserve fédérale sur l'économie américaine, délivré mardi soir, à l'issue de son premier conseil de l'année, a permis au dollar de crever le seuil de 1,40 pour 1 euro sur lequel il était venu buter au cours de sa phase de reprise amorcée fin novembre, très spectaculaire, le propulsant à son meilleur cours depuis juillet dernier. Le billet vert, monté jeudi jusqu'à 1,3930 pour 1 euro, affiche un regain de vigueur de 8,5 % depuis le creux de la vague de 2009, un certain 25 novembre, où il avait rechuté jusqu'à 1,5135. Les Cassandre le voyaient à l'époque retomber vers son plancher historique atteint le 15 juillet 2008, à 1,6038 pour 1 euro, affecté qu'il était par le retour du goût du risque et la cabale orchestrée par la Chine pour le destituer de son statut de monnaie de référence internationale.Las, l'étalon monétaire élastique prend aujourd'hui une cinglante revanche, aiguillonné par des statistiques américaines de plus en plus favorables, qui devraient culminer vendredi par l'annonce d'une progression du PIB américain au quatrième trimestre proche de 5 % en rythme annualisé. Le redémarrage de l'économie américaine a sonné le glas de l'utilisation ? rare dans l'histoire ? du dollar comme véhicule des stratégies de « carry trade », qui consistent à l'emprunter en profitant de ses rendements voisins de zéro pour en investir le produit sur des placements plus rémunérateurs. Certes, le dollar a aussi accentué son avance depuis le camouflet infligé au Parti démocrate par la perte du siège de sénateur du Massachusetts, qui le prive de sa majorité qualifiée à la Chambre haute et met en péril le projet phare de réforme du système de santé de Barack Obama. En raison des économies budgétaires qui lui sont liées, ce revers a constitué une bonne nouvelle pour le dollar.C'est aussi une combinaison de fâcheux signaux pour l'euro qui a permis au billet vert de reprendre la main. La grave dérive des finances publiques des mauvais élèves de la zone euro est venue rappeler aux investisseurs que l'entité formée par les Seize n'était que l'union monétaire d'États nations indépendants, dont les régimes politiques, économiques et budgétaires n'ont rien en commun. La tragédie grecque, qui monte en intensité de jour en jour, en montre les limites, en mettant le doigt sur l'absence de mécanismes contraignants pour forcer les pays membres de la zone à rester dans les clous fixés par le traité de Maastricht. S'il fallait que l'Europe sauve les Hellènes de la faillite, c'est le crédit des pays vertueux qui risquerait d'être entamé. Et, comme on ne peut plus dévaluer la drachme, c'est l'euro qui en fait les frais. Fait aggravant : les investisseurs, focalisés sur la Grèce ces dernières semaines, prennent progressivement conscience que le problème fait tache d'huile. Le Portugal est désormais dans le collimateur des agences de notation, en dépit du programme d'austérité qu'il vient d'annoncer, talonné par l'Espagne, l'Italie et l'Irlande. Les « Pigs » sont devenus le talon d'Achille de l'euro.
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