Les entreprises européennes seront plus compétitives

La sensible remontée du dollar depuis deux mois va-t-elle doper rapidement les entreprises européennes ? Les Bourses du Vieux continent ont toujours aimé les accès de faiblesse de la monnaie unique, pariant sur un double effet bénéfique : effet de conversion en euros de la part du chiffre d'affaires et des profits réalisés en dollars; et, à plus long terme, effet de compétitivité à l'export. Il faut dire que nos champions européens réalisent une part considérable de leurs ventes en dollars, comme le montre, pour les leaders français, le tableau d'Alphavalue ci-contre. couverture de changePour autant, sauf si le dollar venait à remonter très fortement -ce qui n'est pour l'instant pas le scénario dominant-, l'effet ne sera pas très spectaculaire cette année. Primo, «la comptabilité de ces groupes étant arrêtée chaque trimestre, l'effet de conversion n'est positif que si le cours moyen du dollar contre euro est supérieur un trimestre à ce qu'il était sur le même trimestre de l'année précédente, explique Bert Jansen chez Exane. Si l'euro est à 1,43 contre dollar en moyenne au premier trimestre, contre 1,30 dollar au premier trimestre 2009, l'effet des changes sera toujours négatif sur ces trois premiers mois.» Et Bert Jansen de préciser?: «Si l'euro restait à 1,40 dollar sur 2010, l'effet positif de change n'apparaîtrait donc qu'au troisième trimestre.» En clair, le dollar est encore faible. Secundo, beaucoup de groupes industriels ont déplacé depuis dix ans un grand nombre de leurs usines en zone dollar ou à bas coûts pour rester compétitifs face à leurs concurrents américains?: ainsi en est-il des équipementiers aéronautiques tels que Safran, Zodiac ou Latécoèree;coère, ou encore du groupe électrique Schneider. Tertio, beaucoup de ceux qui ont des coûts en euros et des recettes en dollars, ont adopté des systèmes de couverture de change. Le cas le plus exemplaire étant Airbus, qui couvre systématiquement toutes ses commandes, ce qui lui permet de neutraliser l'effet de la fluctuation du dollar sur son résultat et sur sa trésorerie à court terme. Yan Derocles, analyste chez Oddo, explique «si cela lisse l'effet de change, cela ne le fait en aucun cas disparaître chez EADS. D'abord, avec une couverture à 1,35, contre 1,27 en moyenne sur l'exercice 2009, qui marque encore la faiblesse du dollar, EADS va perdre plus de 900 millions d'euros de résultat cette année. Ainsi, sauf à délocaliser toute sa production dans une zone dollar ou à améliorer drastiquement sa productivité, le groupe reste très vulnérable à la faiblesse du billet vert. Avec un dollar en dessous de 1,40, EADS ne saurait être compétitif.» En clair, c'est pour les derniers Mohicans de l'industrie européenne, ceux qui produisent encore chez eux pour exporter, que la remontée du dollar finira par être salvatrice. Comme pour les Audi, BMW, Mercedes ou Volkswagen qui ont doublement souffert de la crise, mais aussi pour les fabricants de semi-conducteurs ou de produits de luxe. Il reste donc de vraies «valeurs dollars». Mais il faudra savoir patienter.
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