Des contrats aidés pour une jeunesse sans avenir...

Entre 15-24 ans, un jeune sur quatre est actuellement au chômage. C\'est trois fois plus que pour les 25-49 ans. Otages d\'un système qui favorise les insiders, retranchés derrière la forteresse du droit du travail, les nouveaux entrants enchainent les contrats précaires. Selon les derniers chiffres de l\'INSEE, trois nouvelles embauches sur quatre étaient en CDD. Les actifs de 15-29 ans sont trois fois plus nombreux que leurs ainés à être employés en contrats courts, CDD, apprentissage ou intérim. Malade de sa jeunesse, la France est en crise, mais la plupart des Français ne s\'en rendent même pas compte. Avec leur CDI décrochés en des temps meilleurs, les « adultes » se laissent aveuglés par leur filet de sécurité. En attendant, les jeunes demeurent la variable d\'ajustement du marché du travail, même s\'ils sont en moyenne plus qualifiés que leurs ainés. Une société qui maltraite ainsi sa jeunesse ne croit visiblement plus en son avenir.Elu sur le thème de la jeunesse, François Hollande demande à être jugé sur l\'amélioration effective du sort des jeunes au terme de son mandat. Ils auront peut-être vieilli d\'ici là... En début de parcours, la déception est à la hauteur de l\'espoir médiocre suscité par une prise de conscience trop tardive. Des « contrats d\'avenir » aux « contrats de génération », les annonces donnent le désagréable impression que le gouvernement fait du neuf avec du vieux.La réédition de gadgets qui ont déjà montré leur inefficacitéLes quelque 150000 « emplois d\'avenir » promis par le gouvernement, CDD de 1 à 3 ans accessibles aux jeunes âgés de 16 à 25 ans peu ou pas qualifiés, ne sont que la réédition de gadgets qui ont déjà montré leur inefficacité. L\'augmentation des contrats aidés, de 4% des emplois des moins de 26 ans au milieu des années 70 à 25% en 2010, a suivi fidèlement l\'augmentation du chômage des jeunes... Avec 75 % du salaire au Smic couvert par l\'Etat dans le secteur non marchand, 35 % pour le secteur marchand, ces contrats courts continueront d\'accentuer la dichotomie du marché du travail, l\'éloignement des jeunes de l\'entreprise. En plus d\'être inefficace, ils creusent les finances publiques de 1,5 milliards supplémentaires jusqu\'en 2015. Est-ce bien raisonnable en période de redressement des comptes ?Les contrats de générations n\'augurent guère mieux, témoignant même d\'une méconnaissance affligeante du processus de recrutement en entreprise. Personne n\'y conçoit réellement le remplacement d\'un senior par un junior, faute de compétence équivalente. En revanche, un bon DRH sait tirer parti des effets d\'aubaine fiscale. Le transfert de compétences promis sera invérifiable par l\'administration, et aurait pu se faire naturellement sans elle...La jeunesse mérite mieux que ces petits arrangementsReste enfin « l\'Accord pour l\'Emploi », signé en janvier par des partenaires sociaux sans ambition, incapables de s\'élever à la hauteur de l\'enjeu. S\'il donne une flexibilité accrue aux entreprises pour adapter le temps de travail et les salaires en période de crise, il ne propose presque rien pour lutter contre la dichotomie du marché du travail. La taxation des contrats courts, limitée aux CDD, ne sert à rien sinon à augmenter les contrats d\'intérim, épargnés par l\'impôt supplémentaire. Ces contrats plus précaires génèrent pourtant du chômage, car nul ne peut enchainer plus de deux intérims ou CDD, à la suite. Triste pays où les entreprises organisent méthodiquement des périodes de latence entre deux contrats courts, avant de réembaucher les mêmes personnes pour les mêmes besoins permanents...La jeunesse mérite mieux. Elle mérite d\'aller au-delà des petits arrangements, des calculs politiques et des effets d\'annonce. Elle mérite un marché du travail plus ouvert, plus flexible, où l\'influence des diplômes pour trouver un premier poste n\'est pas écrasante. Elle mérite une deuxième chance. Cela passerait, entre autres, par un contrat unique, permettant aux salariés d\'accumuler des droits protecteurs en fonction de leur ancienneté (durée du préavis, prise en compte dans un plan social, etc.), brisant le dualisme du marché du travail sans remettre en cause les acquis. C\'est le diagnostic qu\'ont fait des gouvernements responsables en Allemagne, en Espagne et en Italie. Pas en France, où la nostalgie des modèles passés est trop grande. « Alors s\'assit sur un monde en ruine une jeunesse soucieuse » écrivait Alfred de Musset...
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