Une réforme des retraites, sans changer le système

« Je ne crois pas que nous nous orientons vers des solutions systémiques de cet ordre », a déclaré récemment le ministre du Travail et des Relations sociales, Xavier Darcos, à propos de l'instauration d'un système de retraites par points ou basé sur des comptes notionnels. Le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui a publié jeudi un rapport sur le sujet, aurait donc travaillé pour rien ? Il répondait à une commande des parlementaires de la majorité, qui voyaient dans un changement de système, la possibilité de résoudre l'épineux problème de leur financement. Ce qui pourrait être le cas, si le système dit à comptes notionnels était retenu : adopté notamment par la Suède et l'Italie, il tend par nature vers l'équilibre. Fondé sur une capitalisation « virtuelle » des cotisations versées, il prévoit en effet d'ajuster les pensions en fonction de l'évolution de l'espérance de vie. Quand celle-ci augmente, ce qui est bien sûr le cas aujourd'hui, les retraites servies sont revues à la baisse. Voilà pourquoi, à l'exception de la CFDT qui, suivant le mot d'ordre de François Chérèque, veut « tout mettre sur la table », toutes les organisations syndicales s'opposent à une telle option. Le passage à un calcul par points est également contesté, car il permettait, lui aussi, d'individualiser les retraites, dénonce la CGT : chaque salarié devrait travailler plus longtemps pour accumuler un nombre croissant de points ? à mesure que le rendement de ceux-ci diminue ? afin d'obtenir une pension suffisante. Force ouvrière voit dans le rapport du COR la démonstration que ces réformes dites systémiques aboutiraient à des baisses du niveau des pensions de « 40 % en quarante ans ».Trois leviersLe système des comptes notionnels ou celui par point aurait pour intérêt d'apporter une lisibilité accrue et de « clarifier le financement », souligne le rapport du COR. Mais, en aucun cas, un changement de système permettrait d'éviter de recourir aux « trois leviers que le COR a régulièrement mis en évidence : le niveau des ressources, le niveau des pensions et l'âge moyen effectif des départs à la retraite ». C'est bien ce dernier levier que le gouvernement est tenté d'actionner, en repoussant l'âge légal au-delà des 60 ans actuels. I. B.
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