Les salariés sont de plus en plus sensibles aux discriminations

Relations sociales plus tendues dans les entreprises ? Plus grande sensibilité à la question des discriminations ? D'année en année, la proportion de salariés s'estimant victimes de discriminations ne cesse de progresser. Selon le troisième baromètre réalisé en décembre 2009 par le CSA pour la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) et l'Organisation internationale du travail (OIT), 26 % des agents de la fonction publique se rangent dans la catégorie des « victimes  » (contre 22 % en mars 2009), et 36 % des salariés du privé (contre 25 % en janvier 2008 et 28 % en mars 2009). Cette évolution est corroborée par la part de salariés ayant été témoins de discrimination, avec un taux de 42 % dans le privé (après 31 % en 2008) et de 37 % dans la fonction publique. Les motifs, eux, n'évoluent guère. Dans le privé, l'origine, la grossesse, l'âge, l'apparence physique et le sexe apparaissent en tête des facteurs de discriminations.Si les salariés sont plus sensibles qu'auparavant à cette problématique, ils sont encore largement désemparés lorsqu'ils doivent agir. Certes, dans la fonction publique, 50 % des agents victimes en ont parlé à leur direction ou à leur supérieur direct, et 47 % ont alerté les représentants du personnel ou les syndicats. Mais dans le privé, ces taux ne sont respectivement que de 34 % et de 27 %. Surtout, 40 % des victimes ? et 39 % des témoins ? n'ont rien dit, estimant que cette démarche ne servirait à rien ou qu'elle était trop risquée.AlertePour surmonter cet écueil, une large part des personnes interrogées juge « efficace » l'idée d'être sondées régulièrement et anonymement sur les discriminations sur leur lieu de travail, ou de pouvoir alerter leur direction sur des pratiques dont elles seraient victimes ou témoins.Seul problème, la dernière édition de l'enquête réalisée par la Halde auprès de 250 grandes entreprises françaises montre que leur volontarisme en la matière a atteint un palier. Par exemple, alors que la part des groupes ayant signé un accord sur le thème des discriminations était passée de 43 % à 69 % entre 2006 et 2007, elle a stagné à 70 % en 2008. « L'enquête a été faite fin 2008, à un moment où les entreprises avaient d'autres préoccupations. Mais il est vrai qu'il y a des entreprises qui ne sont pas dans une logique d'action », soulignait, ce jeudi, Louis Schweitzer, le président de la Halde, lors de la présentation de ces deux études. Les grands groupes ont notamment fait peu de progrès sur la conclusion d'accords avec les syndicats ou sur le développement de procédures d'alerte internes. Deux domaines sur lesquels les salariés du privé ou les agents de la fonction publique sont les plus impatients de voir leur employeur agir. Agnès Laurent
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