Après « Austerlitz », Villepin rêve d'autres batailles

C'est Austerlitz ! Vive le gaullisme ! » Les cris de joie ont éclaté dans la salle des pas perdus du palais de justice de Paris, sitôt connus le jugement de l'affaire Clearstream et la relaxe de Dominique de Villepin. Visage grave, émacié, l'ancien Premier ministre a fait une courte déclaration pour se dire « fier d'être le citoyen d'un pays, la France, où l'esprit d'indépendance reste vivant ».« Je n'ai aucune rancoeur, aucune rancune », a souligné celui qui ne fait plus mystère de son ambition présidentielle, avant d'ajouter : « J'ai été blessé par l'image que l'on a voulu donner de la politique, de l'engagement qui a été le mien pendant trente ans, et c'est vers l'avenir que je veux me tourner pour servir les Français et contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la France. »Par voie de communiqué, Nicolas Sarkozy, la plus célèbre des parties civiles, a annoncé qu'il ne ferait pas appel. Le chef de l'État a pris acte de la décision du tribunal correctionnel de Paris, « tout en notant la sévérité de certains attendus » concernant Dominique de Villepin, ce « fou » qu'il s'était juré de « pendre à un croc de boucher » une fois que la justice aurait démontré sa responsabilité. Nicolas Sarkozy a toujours considéré Dominique de Villepin comme « l'instigateur » de la manipulation qui a fait apparaître son nom sur les listings de la firme financière luxembourgeoise Clearstream pour torpiller son élection à la tête de l'UMP en 2004 et sa candidature à l'Élysée.Le jugement de jeudi replace face à face les deux rivaux. À deux ans d'une présidentielle, où Dominique de Villepin pourrait faire fondre le socle de premier tour de Nicolas Sarkozy en se lançant dans une candidature. Un risque qu'écarte pour l'instant le camp du chef de l'État, en rappelant ironiquement le score de 1,6 % du gaulliste Michel Debré en 1981. Mais, dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, plusieurs voix s'élèvent aussi pour mettre en garde le président contre un autre scénario. Celui qui, avec l'éparpillement des candidatures, a conduit à l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002. Un sondage récent accordait en effet 8 % d'intentions de vote au dernier Premier ministre de Jacques Chirac.Le parquet dispose de dix jours pour faire appel de la relaxe de Dominique de Villepin. Si les magistrats choisissent la voie d'un nouveau procès, Nicolas Sarkozy y gagnera certes un répit, car l'activité politique de son rival se verra à nouveau freinée. Mais il offrira aussi une nouvelle tribune à l'ancien Premier ministre, qui a déjà réussi à politiser le premier procès.Rien n'est exclu, pas même une réconciliation entre les deux hommes. Même si, pour l'instant, les partisans de Dominique de Villepin parient de plus en plus sur une candidature de leur champion à la présidentielle. « Maintenant, nous allons faire de la politique et construire cette alternative pour 2012 », s'est enthousiasmée Marie-Anne Montchamp.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.