« Le président américain entend préserver la paix aux États-Unis »

Barack Obama a-t-il bouleversé la politique étrangère des États-Unis ?La rupture avec le passé n'est pas totale, car la politique étrangère d'Obama s'inspire de l'un des quatre grands courants de la diplomatie américaine : les jeffersoniens. Comme le président Thomas Jefferson, Obama entend préserver la paix aux États-Unis et limiter son engagement dans des conflits étrangers. Pour cela, il est prêt à s'entendre avec des dictateurs, non par idéologie, mais parce que cela peut satisfaire leurs intérêts respectifs. Cela rappelle la diplomatie de Richard Nixon et de Henry Kissinger. Si Obama parvient à son objectif ? réduire les tensions internationales pour protéger les États-Unis ?, il restera dans l'histoire comme l'un des meilleurs présidents du pays en matière de politique étrangère.Quels sont les risques inhérents à une telle approche ?Il contentera difficile­ment les milieux politiques américains. La gauche s'indigne qu'il n'intervienne pas au Darfour et ait refusé de rencontrer le dalaï-lama en 2009. Pour la droite, sa tentative d'apaisement de pays comme l'Iran affaiblit la position des États-Unis dans le monde. Obama s'inspire aussi du président Woodrow Wilson, qui considérait que les États-Unis devaient promouvoir les valeurs démocratiques et les droits de l'homme à l'étranger. Or il est difficile de concilier une politique jeffersonienne et des idéaux wilsoniens. Jimmy Carter l'a tenté sans succès. Comme il n'est pas garanti que l'Iran, la Chine et la Russie réagissent comme Obama l'espère à sa politique de conciliation ; il est devenu l'otage de ces trois pays.Les Américains soutiennent-ils sa stratégie en Afghanistan ?Il est intéressant de constater que le public soutient davantage les efforts du président en Afghanistan que son projet de réforme du système de santé ! Les Américains considèrent que leur gouvernement doit impérativement lutter contre le terrorisme. Pour Obama, le plus grand risque politique serait non pas d'en faire trop mais pas assez, car il pourrait alors passer pour un faible. Sa stratégie de renforcement des troupes en Afghanistan pourrait même lui profiter politiquement, car ses compatriotes le voient comme un leader, capable de prendre des décisions difficiles. S'il échoue, sa popularité en pâtira. Mais contrairement à ce qu'affirment certains médias européens, la comparaison avec le conflit du Vietnam est inappropriée tant l'effort de guerre et le nombre de soldats tués sont inférieurs dans le cas afghan. Propos recueillis par Éric Chalmet, à New YorkWalter Russell Mead, Analyste auprès du Council on Foreign Relatio
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