Les Verts bousculent l'échiquier politique allemand

« Ce dimanche a modifié durablement le paysage politique allemand ». Claudia Roth, un des deux présidents fédéraux des Verts, résume avec emphase l'effet causé par la percée du parti écologiste outre-Rhin lors des élections locales du 27 mars. En triplant son score en Rhénanie-Palatinat, en le doublant en Bade-Wurtemberg ou lors des élections municipales en Hesse, les Verts s'imposent en effet comme une alternative, à gauche, aux sociaux-démocrates (SPD) qui, eux, sont en recul partout. L'arrivée d'un président de région écologiste à Stuttgart, une première en Allemagne, pourrait donc être un passage de témoin au sein de la gauche allemande. L'analyse des résultats au Bade-Wurtemberg le confirme : les Verts ont ainsi remporté neuf « mandats directs », attribué au scrutin majoritaire à un tour. La performance est remarquable : le SPD n'en a gagné qu'un seul. En théorie, ce type de mandat est impossible à emporter pour les « petits partis ». Mais désormais, les Verts semblent devenir un vrai parti de masse, disposant de véritables bastions, notamment dans les grandes villes tertiaires comme Stuttgart, Francfort, Heidelberg, Darmstadt ou Fribourg. Ce succès ne serait-il que le fruit éphémère d'un « effet Fukushima » ? Sans doute l'actualité a joué en faveur des écologistes. Les libéraux du FDP, qui se sont écroulés après leur score historique de 2009, peuvent témoigner que les faveurs des électeurs allemands sont fragiles. Mais la percée des Verts avait débuté dans les sondages bien avant les événements japonais. Surtout, elle n'est pas le fruit d'une campagne menée sur ce seul thème. Les Verts y ont, au contraire, aiguisé leur profil modéré. MétamorphoseLa figure du futur dirigeant du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann en est l'incarnation. Cet enseignant de 58 ans, père de trois enfants et croyant, est aussi éloigné des garnements aux cheveux longs qu'étaient les écologistes dans les années 1980 que de la démagogie antifiscale des politiciens libéraux. Les Verts sont désormais attachés à la rigueur budgétaire et soucieux de préserver les intérêts des entreprises. L'autre président fédéral, Cem Özdemir, a ce lundi insisté sur la « responsabilité » qui leur incombe désormais. Mais cette métamorphose en parti de masse, le troisième (après la CDU et le SPD) de l'histoire de l'Allemagne démocratique d'après 1945, devra être confirmé à l'épreuve du feu, c'est-à-dire du pouvoir, avant les élections fédérales de 2013. Romaric Godin, à Francfort
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