À moins d'être de la partie, impossible de suivre les réformes qui bouleversent depuis 2007 le monde universitaire. Plus que toutes autres réformes antérieures, la loi LRU sur l'autonomie d'août 2007, l'opération campus, la constitution des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), la fusion d'universités, les nouveaux rapports de gestion avec les organismes de recherche et, depuis peu, les appels à projet du grand emprunt révolutionnent profondément les universités. Comment y voir clair, alors que les universitaires eux-mêmes y perdent leurs petits ? Quelles ont été les tractations et les concessions qui ont précédé les prises de décisions élyséennes ? Les réformes d'aujourd'hui en préparent-elles de plus radicales, telle l'augmentation des frais de scolarité ? Concurrence accrue entre établissements, autonomie finalement toute relative, course aux levées de fonds privés et aux cerveaux étrangers, stratégies marketing, irruption des nouvelles technologies qui bouleversent les rapports entre enseignants et étudiants, logique d'insertion professionnelle, culture de l'évaluation, mise à contribution des collectivités locales... autant de changements qui mettent en ébullition les universités françaises. C'est ce qu'appelle justement « le grand chambardement » le journaliste Michel Leroy dans son ouvrage sur les universités que viennent de publier les éditions Autrement. Cette enquête menée trois ans durant a le mérite d'éclairer le lecteur que le sujet intéresse sans pour autant être issu du sérail. Elle raconte les dessous, décrypte les décisions, analyse, compare, fait la part des choses entre communication du gouvernement et réalité des chiffres. Mais les coutumiers de l'actualité universitaire y chercheront en vain « l'histoire secrète » de ce chambardement promise en quatrième de couverture. À l'heure où le grand emprunt fait ses premiers pas et approfondit la mue, le travail méritera surtout d'être poursuivi. C. J.

latribune.fr

28 Avr 2011, 21:32

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