Sur la piste (chinoise) de la cigarette électronique

Les boutiques spécialisées qui les commercialisent fleurissent, les suspicions sur leur nocivité n’en finissent pas de faire couler de l’encre… une chose est sûre, les e-cigarette (souvent appelées \"cigarettes électroniques\") font beaucoup parler d’elles.Et pour cause, en France, le développement de ce commerce est fulgurant. Son poids est estimé à 40 millions d’euros pour l’an dernier et pourrait être de 100 millions d’euros, selon les estimations de cabinets d’analyse citées dans un rapport qui paraît ce 28 mai. Le document, réalisé par l’Office Français de prévention du Tabagisme (OFT) sur demande du Ministère de la Santé, dresse un panorama de ce marché et adresse un certains nombre de recommandations afin de mieux l’encadrer.Une invention chinoiseMais sait-on d’où proviennent ces cigarettes réutilisables et les \"e-liquides\" aromatisés avec lesquelles les fumeurs les rechargent ? A l’origine, ces cigarettes ont été inventées par le pharmacien chinois Hon Lik \"qui a eu l’idée en 2000 d’utiliser les ultrasons fournis par un dispositif piézoélectrique pour vaporiser sous pression un jet de liquide contenant de la nicotine diluée dans une solution de propylène glycol \" raconte le rapport de l’OFT. Des entreprises chinoises ont ensuite réussi à miniaturiser le dispositif et il a été mis en vente pour la première fois en mai 2004 sur le marché intérieur chinois, comme aide à l’arrêt du tabac fumé.En France, les premières ventes ont été réalisées par le biais d’Internet, et la première boutique physique a ouvert ses portes à Caen en 2009. A l’heure actuelle, les e-cigarette commercialisée en France sont quasiment exclusivement produites en Chine, à Shenzhen. Une ville située à la frontière avec Hong Kong, où la simple possession d’une cigarette électronique est interdite et punie d’une forte amende. L’OFT estime qu’en 2012, 50.000 Chinois travaillaient quotidiennement à la fabrication de ces cigarettes d’un nouveau genre.La ville de Shenzhen se situe à la frontière avec Hong Kong. Crédit: GoogleDes e-cigarettes quasi-exclusivement produites en Chine\"Les e-cigarettes que nous commercialisons sont fabriquées par la société Joyetech, en Chine\" témoigne Caroline Duffaud, de l’enseigne Clopinette, qui détient déjà 35 boutiques en France et prévoit une multiplication de son chiffre d’affaires par trois en 2013 comparé à l’exercice précédent. Le distributeur Cigartex, lui, s’approvisionne dans une usine située à Shajing depuis 2009, indique la responsable du développement des produits Jennifer Doussinaud. Même son de cloche auprès de plusieurs autres leaders du marché français : \"les e-cigarettes viennent toutes de Chine\". Les auteurs du rapport publié ce mardi apportent quelques précisions : \"Aucune e-cigarette n’était fabriquée en France en 2012 si ce n’est une toute nouvelle production à Saint-Etienne d’éléments d’e-cigarette ‘de luxe’. Des projets de fabrication française d’e-cigarettes sont à l’étude (…) les cigarettes électroniques modifiées peuvent être fabriquées en France (capots, cartouche et contenus d’e-liquide), seul l’atomiseur restant chinois dans certains modèles\".Les \"e-liquides\" 100% français?Si les e-cigarettes fumées par les Français ont donc toutes les chances de provenir de Chine, qu’en est-il des liquides inhalés ?Sur le sujet, la plupart des revendeurs français se targuent de proposer des \"e-liquides\" 100% français. \"Nous vendons des ‘e-liquides’ à base de glycérine végétale achetés à Concept arôme, un fabricant installé dans les Deux-Sèvres\", raconte par exemple Jennifer Doussinaud du distributeur Cigartex. Comme elle, la plupart des enseignes françaises s’approvisionnent en effet auprès d’usines françaises. Il existe par exemple celle baptisée Gaïa Trend, basée à Rohrbach-lès-Bitche en Moselle et VDLV (Vincent dans les vapes) basée à Pessac près de Bordeaux.Pour rappel, les \"e-liquides\" sont généralement composés de propylène glycol et/ou de glycérine végétale, ainsi que d’arômes (naturels ou de synthèse) et éventuellement de nicotine, à des doses variables. Ces composants ont des chances de provenir de l’étranger, sachant que \"le Brésil est l’un des plus gros producteur de glycérine végétale\" et que \"la Chine est le premier producteur mondial de propylène glycol\", selon le rapport publié ce 28 mai.Mais chez VDLV, on produit exclusivement des liquides à base d’arômes naturels, de propylène glycol et de glycérine végétale fabriqués en France, assure Charly Pairaud, le directeur commercial de l’entreprise girondine. \"Les arômes proviennent de Grasse, d’Alsace, de la région parisienne et le propylène glycol et la glycérine de la région lyonnaise\" explique-t-il.La nicotine forcément importéeD’autres fabricants privilégient au contraire des arômes synthétiques, les même que ceux utilisés par l’industrie agro-alimentaires pour la conception de bonbons, gâteaux et autres sirops. Quoi qu’il en soit, l’un des composants ne peut provenir de France car son extraction n’y existe pas : la nicotine. Elle vient généralement... de Chine. Du côté de Gaïa Trend, on assure toutefois \"qu’elle provient d’Asie mais pas de Chine\".Au final, les mélanges, les contrôles et le choix des arômes pouvant être élaborés en France, les \"e-liquides\" de ces sociétés peuvent donc être dénommés \"français\" de façon indiscutable au yeux de la législation actuellement en vigueur.Pour s’y retrouver, retenons qu’outre celles précédemment citées, quatre autres marques européenne d’\"e-liquides\" existent : Vap-Cocktails, Velvet, Crystal et Flavour Art. Joyetech, Hangsen et Dekang sont des marques chinoises et Johnson Creek, Halo, High Caliber et Flux Nectar sont américaines. Et d’autres pourraient apparaître, étant donné que le marché de l’e-cigarette semble avoir de beaux jours devant lui. Selon le rapport de l’OFT, il \"va dépasser en 2013 celui des médicaments de l’arrêt du tabac\". LIRE AUSSI:>> Les cigarettes électroniques rendent aussi dépendants>> Touraine a commandé une enquête sur la cigarette électroniqueRapport sur la cigarette électroniqueparu le 28 mai 2013, réalisé par l\'Office Français de prévention du Tabagisme : 
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