Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>Changement de régimeLaurence Boone a d'immenses vertus. La première est de vous remonter le moral. Parce qu'elle ne croit pas à la faillite généralisée du système. Parce qu'elle pense que l'on va pouvoir sortir par le haut de cette spirale dette-récession qui obsédait les marchés toute la semaine. Parce qu'elle ouvre de grands yeux pour vous convaincre de la puissance des forces de soutien qui se dégagent, par exemple, des marchés émergents : « J'ai peut-être une vision plus américaine des choses, elle aide à sortir de la dramatisation ambiante. » Chef économiste en France pour Barclays Capital, elle est aussi, depuis quelques jours, l'une de ces femmes qui ont fait leur entrée dans les conseils d'administration des groupes du CAC 40, en l'occurrence PPR. Elle en parle assez librement, elle n'a assisté qu'à un seul conseil (« Très professionnel, pas de digressions, tout était voté en un peu plus d'une heure. »), et sait qu'elle doit sa nomination à la menace d'une loi qui aurait contraint les grands groupes à agir dans l'urgence (17 sociétés du CAC ont voté des résolutions sur le sujet au moment de leur assemblée générale). Mais elle est méfiante face aux questions. J'essaie de la rassurer :- Je ne vais pas vous demander ce que vous pensez de la nomination de Bernadette Chirac au conseil d'administration de LVMH... - C'est gentil, parce que je me demande bien ce que j'aurais pu vous répondre.La réponse peut, en effet, être particulièrement violente, et c'est le président du conseil de surveillance d'un grand groupe industriel qui me la faisait la veille : « Cette affaire LVMH, ce n'est pas un scandale, c'est une insulte ! Une insulte à l'entreprise, à la gouvernance, au capitalisme. Cette femme a sans doute beaucoup de qualités, mais elle n'a aucune idée de ce que peut être la marche d'une entreprise. Elle a 77 ans, j'ai vérifié, qu'est-ce qu'on peut donner comme perspectives à cet âge-là ? Encore une ou deux comme ça, et cette affaire tournera à la bouffonnerie. » Ce serait dommage, parce que l'affaire est sérieuse : « Avec trois femmes au conseil, l'ambiance a radicalement changé, c'est assez spectaculaire et je ne m'y attendais pas, me raconte, par exemple, un administrateur de Vivendi. Si je devais résumer, je dirais qu'elles nous donnent plus de responsabilité, et en même temps plus de courage. » Les enjeux sont posés. Mais, comme pour la dette, on doit sans doute parler là d'une affaire de génération.iPadVous êtes vraiment sûr qu'on est obligé de l'acheter ?Assurances tous risquesÉtrange séquence autour de la régulation financière. L'Allemagne dégaine des mesures ultratechniques et voilà le coeur des pleureuses qui lui reproche de faire cavalier seul. La vérité, c'est que depuis le début de cette affaire chacun fait cavalier seul au gré de ses intérêts (n'avons-nous pas été seuls à interdire les ventes à découvert sur les valeurs financières ?). La vérité, aussi, me dit une source sûre, c'est que l'Allemagne essaie depuis de nombreux mois (au moins huit !) de convaincre ses partenaires d'agir, et qu'elle a craqué quand on lui a dit que rien ne se ferait avant septembre. La vérité, enfin, c'est que cette semaine est peut-être celle de l'émergence d'une convergence mondiale. On apprend que la France repousse l'examen de son texte sur la régulation financière pour l'intégrer dans un ensemble européen ; on voit surtout la Chine prendre la peine de démentir un article de presse qui laissait entendre qu'elle pourrait réduire son exposition à l'euro. Et ça, ce n'est pas rien. Parce qu'au bout du bout, la seule grande question, c'est de savoir qui sera en mesure de « payer la crise ». Par ces quelques lignes de communiqué, jeudi matin, un peu avant 9 heures, heure de Paris, Pékin nous a dit qu'il commençait à sortir le carnet de chèques.
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