BP à l'heure des comptes

Les prochaines heures seront cruciales pour conclure ou non au succès de l'opération de colmatage du puits de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique, ont déclaré vendredi le groupe BP et la garde-côte américaine.Le brut ne s'écoule plus mais la question est de savoir si la boue et les fluides épais injectés dans le puits vont tenir. Interrogé par la chaîne de télévision ABC, l'amiral de la garde-côte Thad Allen a jugé que les 12 à 18 prochaines heures seraient cruciales dans cette perspective.De son côté, le directeur général de BP, Tony Hayward, a précisé sur CNN que de la boue devrait être à nouveau envoyée dans le puits au cours de la journée de vendredi et que des matériaux plus lourds, tels que des pièces de caoutchouc, commençaient à être injectés. Selon lui, il faudra probablement 48 heures avant d'avoir une estimation quant à la réussite des différentes opérations de colmatage.Facture très lourdeEn attendant, l'avenir de la major britannique continue de s'assombrir à l'image de la mer et des côtes du Sud des États-Unis. L'impact de cette catastrophe écologique sur le pétrolier sera bien supérieur au strict coût de traitement de la marée noire.La facture est d'ores et déjà d "environ 930 millions de dollars", soit plus de 750 millions d'euros, a précisé BP vendredi, expliquant que cette estimation incluait l'ensemble des dépenses qu'il a engagées jusqu'ici (frais de confinement et de nettoyage, sommes versées aux États côtiers, dommages déjà remboursés, opérations pour tenter de colmater la fuite de pétrole...). Le groupe a cependant ajouté qu'il était "trop tôt pour quantifier les autres coûts potentiels et les responsabilités associés à l'incident".Depuis l'explosion et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, l'estimation du coût pour BP a enflé de manière vertigineuse au fil des semaines, triplant par rapport à un chiffrage initial de 350 millions de dollars le 10 mai, au fur et à mesure que le pétrole se répandait dans le golfe du Mexique, provoquant ce qui s'annonce comme la pire marée noire dans l'histoire des États-Unis.Au total, les analystes avancent pour BP un coût global compris entre 5 et 20 milliards de dollars, incluant les amendes et autres pénalités.Proie potentielleD'ores et déjà, la capitalisation du pétrolier a fondu d'environ 30 % en Bourse depuis le sinistre, soit près de 55 milliards de dollars, faisant de BP une proie potentielle pour ses grands concurrents, spécialistes des méga fusions (à l'image d'Exxon Mobil ou de Total Elf).À 135 milliards de dollars vendredi, BP vaut à peine la moitié d'Exxon, et devient moins cher que Shell. Certains analystes rappellent que John Browne, le prédécesseur de Tony Hayward à la tête de BP, avait révélé récemment dans un livre de mémoire que BP et Shell avaient envisagé une fusion il y a quelques années. Les pétroliers tablaient alors sur des synergies annuelles de 9 milliards de dollars... "BP est assez fort " pour se défendre contre une éventuelle OPA, a estimé pour sa part ING Bank vendredi.Image dévastéeOPA ou pas, l'image de BP est durablement dévastée, tout particulièrement aux Etats-Unis où le groupe extrait près de la moitié de sa production de pétrole (665.000 barils par jour sur 1,4 million produit en propre). Le Golfe du Mexique, où BP est le premier opérateur pétrolier, représente lui-même la moitié de cette production américaine, mais affiche surtout la plus forte croissance avec un doublement entre 2007 et 2009. Un rythme qui ne risque pas de se maintenir après la reprise en main annoncée par Obama sur les autorisations de forage dans la zone.Marie-Caroline Lopez
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