Transition énergétique : il est urgent d'attendre !

Des mouvements d\'opinions divers nous amènent à redéfinir une politique énergétique pour notre pays. C\'est un enjeu vital tant l\'énergie est au cœur de notre vie quotidienne, par son impact environnemental, et son rôle dans notre développement économique.Des positions européennes contrastéesUn des sujets dominants des débats de ces dernières années concerne les rejets de CO2 et leur influence sur le climat. L\'Union européenne a pris des engagements - réduire les émissions de gaz à effet de serre, par rapport au niveau de 1990, de 40% en 2030, les diviser par 4 d\'ici à 2050 - qui laissent perplexes les observateurs et les opérateurs. Le paradoxe est que ce sont les plus en pointe dans le développement des énergies renouvelables malheureusement intermittentes, qui sont les plus pollueurs ; ainsi la France rejette 811kg de CO2 par habitant et par an, contre 3984kg/habitant pour le Danemark et 3771 kg/habitant pour l\'Allemagne.Doit-on alors coûte que coûte obliger notre pays à des efforts très coûteux pour atteindre, seul, des objectifs irréalistes tandis que nos concurrents se maintiendraient dans des situations de plus grands pollueurs ? Ainsi, nos voisins d\'outre-Rhin construisent actuellement 13 centrales thermiques au charbon (la plupart utilisant le lignite dont on connaît les effets néfastes). Ces différentes options entre européens prennent des allures de petites difficultés entre bons élèves au regard du problème majeur représenté par les rejets de CO2 de la Chine, mais aussi de l\'Inde, du Brésil et de nombreux pays émergents dont la course échevelée vers le développement et l\'industrialisation, nous promet des lendemains douloureux pour le climat de la planète.Prendre le temps des mutationsLa Chine à elle seule, construit une centrale thermique au charbon par semaine ! Le charbon, abondant et bon marché, est actuellement l\'ennemi principal du climat. Dans l\'immédiat, son utilisation à très grande échelle ridiculise nos engagements nationaux et européens sur les rejets. Que pèsent, en effet, dans l\'orientation planétaire globale les efforts de la population française pour l\'environnement, soit le centième de la population mondiale ?L\'Etat français n\'a aucune raison de précipiter les mutations dans l\'état actuel de ses ressources. L\'évolution de notre bouquet énergétique ne doit cependant pas se faire au détriment de la protection de l\'environnement, ce qui serait le cas si nous nous engagions prématurément vers les énergies nouvelles intermittentes qui nécessitent des centrales thermiques d\'appoint.La solution du gaz de schisteLa compétitivité et l\'emploi dépendent aussi de nos choix énergétiques. En effet, quel serait l\'intérêt de couvrir notre sol de champs photovoltaïques ou de fermes éoliennes, consommateurs d\'espace, alors que la filière industrielle du premier est actuellement totalement dominée par les Chinois ? Nos compatriotes ne peuvent être cantonnés à l\'assemblage local des panneaux ! Cet aspect de maîtrise industrielle des nouvelles filières est un autre facteur dont il faut tenir compte pour nos emplois futurs et nos entreprises dont il n\'est pas acceptable qu\'elles soient a priori exclues des grands marchés de demain à travers le monde.Enfin, dernière question liée à notre compétitivité, qui agite les débats hexagonaux : doit-on exploiter, s\'ils existent dans notre sous-sol, les gaz et pétroles de schiste ? Le non de la France aujourd\'hui est la réponse du parti de la peur. Ce ne peut être la réponse définitive d\'un pays ouvert à la recherche, soucieux de vérité et de progrès, et qui doit se réindustrialiser : en France, l\'Académie des sciences s\'est prononcée pour l\'exploitation. En Grande-Bretagne, l\'Académie Royale des sciences aussi, comme dans tous les pays sérieux du monde. Les pétroles et gaz de schiste doivent donc être exploités ; ils ne feront sans doute pas baisser le prix du gaz, mais contribueront néanmoins à sa stabilisation. Surtout, ils nous rendront plus indépendants des producteurs étrangers et contribueront également à faire renaître, à l\'exemple des Etats-Unis, des industries multiples dont nous avons un besoin urgent, spécialement dans la chimie.Pas de miracleLa France, qui possède les entreprises parmi les plus performantes au plan mondial dans le domaine de l\'énergie, dispose avec ces fleurons d\'un capital compétence considérable. Elle doit les défendre et les encourager. Elle doit penser non seulement à notre compétitivité, mais également à nos emplois et au pouvoir d\'achat des ménages. Mettons aussi en évidence nos performances actuelles en termes de rejets de CO2 ; ce que nous devons au nucléaire, faut-il le souligner !Il n\'y aura pas de miracle dans le domaine de l\'énergie : développons la recherche ; les bonnes solutions pour notre pays et pour la planète apparaîtront selon les experts dans les prochaines décennies. * Michel Rousseau est économiste, et président de la Fondation Concorde sur la transition énergétique. 
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