Le sport à l'école l'après-midi suscite les doutes

Mens sana in corpore sano. Développer le sport à l'école fera-t-il baisser les violences scolaires ? Une chose est sûre, en annonçant cette semaine qu'un nouveau rythme scolaire (cours le matin, sport l'après midi, comme en Allemagne) serait expérimenté dans une centaine de collèges et de lycées à la rentrée prochaine, Luc Chatel a suscité plus de critiques que de d'enthousiasme. Manque de « réflexion éducative approfondie », gouvernement rendu impuissant « sur le plan de la politique éducative par ses choix budgétaires », risque d'instrumentalisation des rythmes scolaires « dans le but de réaliser des économies budgétaires »... Tant les syndicats d'enseignants que les fédérations de lycéens (UNL, FIDL) et de parents d'élèves (FCPE) sont montés au créneau.De plus en plus de précairesCar ce qui est dénoncé, ce n'est pas le principe même de l'expérimentation, mais ses éventuelles conséquences. Mardi, Luc Chatel a vanté les vertus du sport à l'école (« moyen de mieux réussir », « partage de la règle commune »...) et annoncé diverses mesures pour le développer, dont cette expérimentation. Or la maison Education ne cesse de saigner ses effectifs selon la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite (- 65.000 prévus entre 2007 et 2011). Et les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS) sont en première ligne. Conséquence, selon le Snep-FSU (qui représente 80 % des enseignants d'EPS), 800 personnels précaires ont été embauchés en 2010 contre 378 en 2009 et contre seulement 415 titulaires. Alors que dans le même temps, 1.300 départs à la retraite sont intervenus. « En EPS, nous en sommes à 1 recrutement pour 3 départs à la retraite ! », constate Serge Chabrol, secrétaire général du Snep-FSU. Le syndicat estime les besoins à 1.500 créations de postes.Or, le ministère n'a prévu aucune création de postes supplémentaires. Le développement du sport et l'expérimentation se feront donc grâce à un recours accru aux personnels d'associations sportives. Dores et déjà , le PS a averti que cela « ne doit pas être le prétexte à l'externalisation des enseignements artistiques et sportifs qui relèvent de l'Education nationale ». De fait, pour Serge Chabrol, le risque est grand de voir ces activités externalisées et les professeurs d'EPS réduits à un rôle de simples « coordinateurs d'intervenants extérieurs » puisque selon le ministère, ils devront alors agir en "responsables pédagogiques" de ces activités. Autre crainte, que cela se fasse au détriment du « sport scolaire » géré les mercredis après-midi par l'union nationale du sport scolaire (UNSS) dans tous les établissements et auquel les professeurs d'EPS doivent consacrer 3 heures par semaine. Mais pour la rue de Grenelle, l'utilisation de ce forfait, dans le cadre d'une "réflexion différente sur les moments et les modes des apprentissages" a l'avantage de ne pas entraîner de surcoût en heures."Coup de com"Plus globalement est dénoncé un « coup de com ». L'expérimentation, annoncée avant même l'installation de la conférence nationale sur les rythmes scolaires le 7 juin et sans concertation préalable, dénonce le Snep, ne se fera que dans 1 à 3 classes par établissement volontaire (une cinquantaine planche sur un projet depuis déjà 3 semaines). Quant à la fameuse expérience du lycée Jean Vilar de Meaux, elle mérite d'être regardée de plus près : « Elle a lieu dans une classe de seulement 20 élèves, ce qui est rare, et où une majorité d'entre eux ont déjà une appétence pour le sport puisqu'ils sont en option EPS », note Serge Chabrol. Mais l'entourage du ministre assure qu'il veillera à assurer la diversité des établissements sélectionnés. Par ailleurs, l'expérience allemande dont s'inspire le lycée Jean Vilar est actuellement remise en cause dans nombre de Länder. Enfin, les infrastructures sportives, à la charge des collectivités locales, ne sont pas assez nombreuses. Bref, pour Serge Chabrol, l'expérience n'est pas généralisable. D'ailleurs, prudent, Luc Chatel a évoqué une "extension" éventuelle et non une généralisation.
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