Fillon veut crédibiliser une baisse historique du déficit

Revenir dès 2013 dans les clous de Maastricht, à savoir un déficit public inférieur ou égal à 3% du PIB, comme le promet la France à ses partenaires européens, impose de franchir une première marche, la plus importante, dès 2011. Il s'agirait, comme s'y engage François Fillon, de ramener le déficit public de 8% du PIB en 2010 à 6% en 2011. Le premier ministre veut réaliser là une performance inédite au cours de l'histoire financière récente. Jamais, même en phase de reprise, le déficit n'a été réduit de deux points de PIB en l'espace d'une seule année. La baisse la plus importante remonte à 1996. Même en augmentant massivement les impôts - deux points de TVA, surtaxe d'impôt sur les sociétés...- Alain Juppé n'avait réduit l'impasse financière que de 1,5 point. Ce recours à des prélèvements en forte hausse, que n'avait pas hésité à mettre en oeuvre Alain Juppé, l'exécutif actuel l'écarte sans ambiguïté. Certes, la chasse aux niches fiscales reviendra à augmenter certains impôts, comme l'a admis récemment François Fillon. Mais pas dans des proportions équivalentes.contrecoupAlors, comment faire ? Deux points de PIB représentent un peu moins de 40 milliards d'euros. Soit le montant des économies ou des recettes nouvelles à trouver. S'appuyant sur les estimations de Bercy, le Premier ministre a évalué à 15 milliards d'euros le gain, pour les administrations, lié à l'arrêt des mesures de relance. A lui seul, le contrecoup du plan de soutien à l'économie de 2009 permettrait donc d'améliorer la situation à hauteur de près de 0,8 point de PIB. Un facteur massif, inexistant lors des précédentes phases de redressement des finances publiques.Estimée pour l'instant à 2,5 %, la croissance apporterait, elle, 10 milliards d'euros de recettes supplémentaires, à l'ensemble des administrations publiques. Voilà pour l'amélioration dite « spontanée » de la situation. D'autres mesures seront bien sûr nécessaires. La réforme des retraites permettrait de réduire le déficit de plus de 5 milliards (3,7 milliards d'euros de recettes, 1,7 milliard d'économies sur les pensions). Et les dépenses d'assurance maladie seraient ralenties. Quant à la remise en cause des niches, elle représenterait plusieurs milliards dès 2011. S'agissant de la nouvelle phase de la révision générale des politiques publique (les 10 milliards d'euros d'économies évoquées par François Baroin), elle sert seulement à documenter la promesse d'un gel des dépenses de l'Etat (hors pensions et charge et de la dette).Bien sûr, la réalisation de ce schéma suppose que la croissance soit au rendez-vous. Dans un contexte de ralentissement international, lié aux plans de rigueur qui se multiplient à travers le monde, Bercy parie sur un redressement de la demande intérieure. Toute la question est de savoir si les mesures prises ne contribueront pas, au contraire, à affaiblir la consommation. Ivan Best
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