Chronique d'une démission annoncée

Le communiqué est tombé à 15 h 55. Jean-Pierre Escalettes annonce sa démission du poste de président de la Fédération française de football. « Ma décision, explique-t-il, est essentiellement dictée par la volonté de préserver et de faciliter l'évolution d'une institution que je sers avec passion depuis plusieurs décennies. » La déroute totale de l'équipe de France en Afrique du Sud aura eu raison de sa détermination. à Knysna, l'homme est meurtri par les événements tragi-comiques qui se succèdent : les prestations honteuses de l'équipe, les insultes d'Anelka à Domenech, l'éviction du joueur de Chelsea, puis cette « grève » surréaliste de l'entraînement... « Voir cinquante années de militantisme s'écrouler un dimanche après-midi devant un mouvement de révolte injustifié et irresponsable, c'est dur », écrit-il à son retour d'Afrique du Sud à tous les présidents de districts et de ligues. Son soutien indéfectible à Raymond Domenech, notamment à l'issue d'un Euro 2008 désastreux, lui ôte toute crédibilité. Juste après la défaite face au Mexique (2-0) à Polokwane, même ses alliés lui tournent le dos. C'est le cas de Gérard Houllier qui enfonce le sélectionneur après avoir conseillé à Escalettes de le garder en 2008. Son vice-président, Noël Le Graët, est offusqué par les dépenses dispendieuses engagées, comme le choix du Pezula ou l'aller-retour des femmes des joueurs en Afrique du Sud. ancien professeur d'anglaisDans le camp de ses opposants, on ouvre le feu sans sommation. « Jean-Pierre Escalettes est un honnête homme, persifle Jean-Michel Aulas. Mais aujourd'hui, ça me paraît difficile pour lui de rester. » Frédéric Thiriez, le président de la Ligue, est tout aussi sévère : « On a un système qui conduit à l'immobilisme et à l'irresponsabilité. Il faut une élection plus directe. Le président de la FFF doit être élu par les clubs. » Même sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, téléguidée par Nicolas Sarkozy, lui conseille de rendre son tablier. Dès son retour d'Afrique du Sud, Jean-Pierre Escalettes va se ressourcer en famille à Andernos (Gironde). Ses proches lui demandent de jeter l'éponge. Il hésite. Durant tout le week-end, il consulte, sonde ses troupes. Il se rend compte que sa position est intenable. Dès l'annonce de sa démission, les crocodiles ont écrasé une larme, à l'image de Frédéric Thiriez. « Cette décision honore Jean-Pierre Escalettes, un homme juste et intègre, affirme le président de la Ligue. Le désastre de la Coupe du monde ne doit pas faire oublier les éléments positifs de son action : l'Euro 2016, le redressement des finances de la Fédération et la solidarité entre le football amateur et le football professionnel. » Biterrois de naissance, cet ancien professeur d'anglais aura monté une à une les marches de la FFF. Elu président le 12 février 2005 à la place de Claude Simonet, il rétablira avec l'aide de Noël Le Graët les comptes d'une institution au bord de la faillite. La victoire de la France pour l'obtention de l'Euro 2016 aurait dû être l'un des sommets de sa carrière. Il n'aura pas eu le temps d'en profiter. nafpà Knysna, Jean-Pierre Escalettes a vécu un enfer ponctué par les prestations honteuses de l'équipe, par l'affaire des insultes d'Anelka à Domenech puis par cette « grève » surréaliste de l'entraînement...
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